Le décryptage éco. Le patronat vent debout contre le projet de mettre à contribution les entreprises pour les arrêts-maladies
Le Medef ne veut pas que les entreprises soient mises à contribution sur les arrêts-maladie, comme le gouvernement l'envisage. Le président du patronat remonte au créneau. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion")
On reparle des arrêts-maladies. Le gouvernement veut les limiter : il a évoqué cet été l’idée de mettre à contribution les entreprises mais le patronat n’entend pas se laisser faire.
Pas question de payer ! le patronat était déjà monté au créneau cet été, et avait déjà fait un peu reculer le gouvernement mais, là, dans une Interview au Figaro, mercredi 17 octobre, Geoffroy Roux de Bézieux le patron du Medef en remet une couche. Pourquoi maintenant ? Parce que cette fin de semaine, un rapport sur les arrêts-maladies et la façon de les limiter va être dévoilé. Une des idées du gouvernement est de faire payer aux entreprises, à la place de la Sécu, une partie des arrêts-maladies de leurs salariés, notamment les arrêts de moins de huit jours,
Car ce sont ceux qui ont le plus augmenté ces dernières années. L’idée étant de responsabiliser les employeurs.
De nombreux arrêts-maladie sont liés aux conditions de travail
C’est lié au stress, à l’épuisement professionnel même si c’est difficile de le montrer précisément car l'Assurance maladie ne recense pas les motifs d'arrêts, secret médical oblige, les médecins ne sont pas tenus de noter la cause d’un arrêt-maladie. Il n’y a pas que les conditions de travail qui sont en cause : la hausse des arrêts-maladies est aussi liée à l’âge des travailleurs. Plus on vieillit et plus le risque de s’arrêter est élevé et plus les arrêts-maladie sont longs. Pour les plus de 60 ans, la durée moyenne d'un arrêt indemnisé est de 76 jours, contre 35 pour la moyenne la population.
On travaille plus longtemps
La hausse des arrêts de travail est une des conséquences directe de la réforme des retraites de 2010 qui a fait reculer l'âge de départ de 60 à 62 ans. Comme il y aujourd'hui de plus en plus de seniors qui travaillent, forcément le nombre d’arrêts-maladie augmente, c’est lié. Cette corrélation, le Medef ne manque pas de la souligner alors même qu’il milite pour le report de l’âge de départ à la retraite ! Le patronat insiste aussi sur le fait que c’est parce qu’il y a de plus en plus de gens au travail, de moins en moins au chômage, que mécaniquement, le nombre d’arrêts augmente, là aussi, c’est mécanique
Ces arrêts-maladie coûtent cher
En 2017, cela représente près de dix milliards d'euros pour la sécurité sociale.
Sachant qu’en moyenne, ces arrêts augmentent de plus de 4% par an. Que va faire le gouvernement ? On ne sait pas trop. Le patronat milite pour la mise en place d’un vrai jour de carence pour tous les salariés, du public comme du privé. Car aujourd’hui, les salariés du public ont un jour de carence, c’est-à-dire un jour qui n’est pas pris en charge par la sécurité sociale, là où ceux du privé en ont trois.
Sachant que pour la majorité des salariés du privé, ce sont les employeurs ou les mutuelles qui paient ces jours.
Le gouvernement veut aussi renforcer les contrôles, notamment du côté des médecins qui prescrivent trop d’arrêts. Bref, plusieurs pistes sont sur la table pour faire baisser la facture.
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