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Le décryptage éco. Le Medef est-il représentatif ?

Le Medef ouvre son université d’été, mardi. Mais, cette année, c’est sans président, sans Premier ministre qui vient clamer son amour pour l’entreprise. 

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron et Pierre Gattaz à l'Elysée le 23 mai 2017. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Ni président ni Premier ministre, cette année, à l'université du Medef. Faut-il y voir une distance entre Pierre Gattaz et Emmanuel Macron, qu’on dit si proches ? Entre le président de la République et le président du Medef, c’est un peu "l’amour en douce", comme l’a titré mardi 29 août dans L’Opinion, on s’aime mais on ne le montre pas ! 

Le ton et l'image

Avec le président, Pierre Gattaz cherche le bon ton, la bonne distance entre critiques et satisfecit. Il sait que s’il l’encourage trop, il va le gêner, ça fera grincer les syndicats, et ça nourrira la contestation. Le profil très pro business de l’ancien banquier rassure les milieux d’affaires et suscite des espoirs. Et en même temps, les patrons ont peur d’être déçus. Les chefs d’entreprises espèrent que dans les ordonnances que le gouvernement dévoilera jeudi, la simplification du code du travail sera réelle. Ils attendent aussi que dans la future loi de finance, il y ait bien, la suppression de l’ISF, l’impôt sur la fortune, que les patrons estiment destructeur pour l’économie et qu’Emmanuel Macron a promis de réformer.

De son côté, le chef de l’Etat s’il veut donner une image plus à gauche, plus sociale, a tout intérêt à ne pas trop s’afficher avec le Medef. Il y aura quand même une douzaine de ministres (Grivaux, Le Maire, Parly, etc…) à cette université… Mais ont-il raison d’y aller ? Est-ce que le Medef est représentatif des entreprises ?

Un positionnement à renouveler 

Le Medef, c’est le mouvement des entreprises de France, et il y en a plus de 3 millions dans ce pays. Le Medef dit en compter 700 000. Les chiffres du ministère du Travail, eux, en enregistrent plutôt 300 000. Bref, c’est comme le nombre de manifestants, la réalité est certainement entre les deux. 

Quoiqu’il ne soit, le Medef perd des adhérents. Le fameux dégagisme qu’on a vu en politique, cette envie de changement des Français, touche aussi les corps intermédiaires. Le syndicat patronal doit-il encore chercher à représenter tout le monde, les petites comme les plus grandes entreprises ? Ne doit-il pas plutôt se concentrer sur le seul lobbying, comme aux Etats-Unis, par exemple ? D’autant qu’aujourd’hui, les patrons de grosses boîtes n’ont plus besoin de cet intermédiaire : quand ils veulent sauver un site, obtenir une facilité, ils vont directement à l’Elysée.

Le financement est le nerf de la guerre. Le Medef vit en partie grâce à ses mandats paritaires, c’est à dire parce qu’il siège et gère, avec les syndicats, des régimes comme l’assurance chômage ou des systèmes de retraite… Faut-il continuer ? Certains patrons militent pour un syndicalisme de services, c’est-à-dire que les adhérents seraient surtout des clients, qui paieraient en fonction des services demandés (que ce soit une aide juridique, un conseil en matière de formation). On sortirait de la logique de la seule cotisation.

Ces différents points de vue vont s’affronter, ces prochains mois, car le Medef entre en période électorale. L’année prochaine, Pierre Gattaz passe la main. Aucun prétendant à la succession ne s’est encore déclaré. Mais on parle du patron de Michelin, Jean-Dominique Senard, ou encore d’Alexandre Saubot qui dirige la fédération des industries. Pas beaucoup de femme dans la course, peut être Viviane Chaine-Ribeiro, à la tête de la fédération Syntec, les services informatiques. Des profils très différents, avec des styles qui n’ont rien à voir avec celui de Pierre Gattaz, et son célèbre pin’s promettant de créer un million d’emplois.

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