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Le décryptage éco. La grande mutation de l'automobile

Le Mondial de l’automobile ouvre ses portes demain samedi 1er Octobre à Paris, plus d’un million de visiteurs sont attendus, et ce Mondial consacre l’arrivée d’un nouveau monde de l’automobile

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La Renault Trézor présentée au Mondial de l'automobile 2016 à Paris. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Il faut se prémunir des envolées lyriques mais on peut dire sans se tromper que ce Mondial 2016 de l’automobile va rester comme celui qui donne à voir ce que sera, ce qui préfigurera, le monde de l’automobile du XXIème siècle. L’automobile, la première automobile est née exactement il y a 250 ans, en 1769, inventée par un dénommé Cugnot, qui avait adapté une machine à vapeur sur un châssis autonome. Mais c’est avec la révolution industrielle et la seconde moitié du XIXème siècle que les véhicules automobiles personnels se développent, et à la toute fin de ce siècle en 1895, il y a 350 automobiles qui circulent sur le territoire français, et au même moment il n’y en a que 80 aux Etats-Unis. Après, c’est le grand siècle de l’automobile, le XXème siècle, avec les nouvelles méthodes de production, le taylorisme et le fordisme qui font naître les voitures de série. C'est l'âge d'or de l'automobile, le début d'une aventure et même d'un culte. Vous vous souvenez peut-être de la phrase célèbre de Roland Barthes, dans ses Mythologies et je ne résiste pas à vous la redire de bon matin :  "L’automobile est aujourd’hui l’équivalent exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommé dans son image, sinon dans un usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique". C’est magnifique, non ? Et bien cet objet magique, son image et son usage, pour reprendre les termes de Barthes, sont en train de muter.

Comment ça se matérialise ? 

Revenons sur terre, ou plutôt sur la route. L’automobile est secouée, réinventée par trois révolutions simultanées : la première, c’est le bouleversement de la motorisation : avec la montée en puissance, enfin concrétisée de l’électrique : c’est ce qui sera le plus spectaculaire au Mondial, nous sommes dans l’An 1 de l’électrique, avec de nombreux modèle et une durée d’autonomie des véhicules qui progresse fortement.

La deuxième révolution, c’est la voiture autonome, la voiture sans chauffeur, la voiture intelligente : ce n’est plus un fantasme, il y a déjà de nombreux prototypes qui sont testés sur nos routes, la technologie est mûre, et la commercialisation est prévue dans les cinq à dix ans qui viennent. Au plus tard. Et là aussi, on pourra en observer au Mondial.

La troisième révolution, c'est celle du numérique qui crée et stimule de nouvelles formes de mobilité portées par des plateformes : c’est Uber, c’est Drivy, c’est BlablaCar : le numérique, avec le partage, le covoiturage, transforme l’usage de l’automobile et malmène aussi les modèles économiques du secteur. Ces trois révolutions changent absolument tout pour l’automobile.

Et comment les constructeurs se préparent à ces bouleversements ?  

Et bien, c’est le temps des grandes manœuvres. Car le logiciel est devenu aussi important que le moteur, voir même plus important que le moteur. Pensez qu’il se crée chaque semaine une nouvelle start-up dans le domaine de l’automobile. Et c’est sans doute dans ces logiciels que résidera une part importante de la chaîne de la valeur. Du coup, les grands constructeurs se sont lancés dans la course aux start-up, ils achètent des technologies et des équipes d’ingénieurs ou d’informaticiens, pour intégrer des compétences qu’ils n’ont pas, qu’ils n’avaient pas. Leur objectif, c’est de réussir à développer la voiture connectée. Et c’est un défi parce qu’il faut à la fois une culture du numérique et une culture du service qui n’est pas le fort de l’industrie automobile. C’est tout l’enjeu des deux ou trois ans qui viennent.

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