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Le décryptage éco. La France renforce son aide au développement

La France renforce son aide au développement partout dans le monde. Un domaine dans lequel notre pays est déjà très présent. Le décryptage de Vincent Giret.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le "MetroCable" de Medellin, en Colombie, en partie financé par l'Agence française de développement. (RAUL ARBOLEDA / AFP)

Du nouveau téléphérique urbain de Medelin, en Colombie, à la construction d'un barrage au Kenya, en passant par la nouvelle ligne de métro à Hanoï, au Vietnam, la France investit déjà largement dans l'aide au développement, partout dans le monde. Tous ces projets ont été financés par l'agence française de développement. Elle fête aujourd'hui ses 75 ans, et n'ayons pas peur des mots, elle est l’honneur de la France.

Cette agence, c’est la banque des pauvres, la banque des pays qui n’ont pas de banques pour les aider, la banque des pays du Sud. Elle opère, souvent dans l’ombre, dans plus de 90 pays sur tous les continents.

L'Agence française de développement, une idée du général de Gaulle

En 1941, le général de Gaulle, alors réfugié à Londres, crée la Caisse centrale de la France libre. Il s'agit alors d'un institut d’émission monétaire du Trésor public, dont est directement issue l’Agence française de développement. Au moyen donc de subventions, de prêts, de fonds de garantie ou de contrat de désendettement, l’Agence finance depuis 75 ans ce qu’on appelle encore, d’un mot un peu vieillot, la coopération. Autant dire que son rôle, son importance, son action n’ont jamais été aussi importants dans une période troublée, de grands risques, et de migrations massives

La dotation est en hausse, mais encore loin de l'objectif fixé par les Nations unies

 Le parlement français vient de voter une augmentation des moyens de l'Agence française de développement. Cette agence, qui a un budget d’intervention de 8 milliards par an, va être recapitalisée et elle disposera de 12 milliards d’ici 2020. Ce qui commence à peser très lourd.

Ce qui est intéressant c’est que même dans cette période de tensions budgétaires et d’économies, il y a désormais un consensus de la gauche et de la droite, pour considérer qu’il faut renforcer les moyens de la coopération et de l’aide au développement. D’autant que la France est encore assez loin de l’objectif qu’avaient assigné les Nations unies. L’Allemagne et la Grande-Bretagne font d’ailleurs davantage que la France dans ce domaine.

Des règles de gouvernance qui éloignent de la coopération "à la papa"

L'Agence française de développement est de plus en plus efficace, parce qu’elle a totalement changé dans son esprit et dans sa forme : avant, on donnait essentiellement aux Etats, et c’est vrai qu’il était très difficile de vérifier l’utilisation réelle de cet argent. Il y a eu beaucoup de déperdition, à l’évidence. Des économistes avaient d’ailleurs effectué des travaux démontrant que les pays les plus aidés n’étaient pas ceux qui se portaient le mieux.

Aujourd’hui, l’Agence est très sensible à la question de la bonne gouvernance de l’aide, elle apporte son soutient à des projets concrets, et elle a multiplié les interlocuteurs sur le terrain : plus de 50% des aides de l’AFD sont destinées à des villes, à des ONG, à des entreprises, sur des projets communs précis, préparés et évalués à chacun des moments clés. Ce n’est plus la coopération "à la papa", qui sentait encore un peu le temps des colonies.

Nous sommes entrés dans l’ère des coopérations publics-privés, beaucoup plus ciblées, avec des acteurs des sociétés civiles. L’AFD a noué un contrat, par exemple, avec la Fondation Bill et Melissa Gates sur des projets qui concernent la santé et l’éducation en Afrique francophone. Il existe d’ailleurs désormais de grandes fondations africaines qui font, elles aussi, bouger les choses. Bref, l’aide s’est beaucoup diversifiée et beaucoup professionnalisée. Et c'est une bonne nouvelle.

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