Le décryptage éco. La France devrait sortir de la procédure pour déficit excessif de la Commission européenne
Cela faisait presque dix ans que l’Hexagone était dans cette sorte de "purgatoire budgétaire".
La Commission européenne présente jeudi 3 mai ses prévisions macroéconomiques et devrait sortir la France de la procédure pour déficit excessif. Cela faisait presque 10 ans que l’Hexagone était dans cette sorte de "purgatoire budgétaire", depuis 2009. Comme la France enregistre un déficit en dessous des 3%, du PIB, du produit intérieur brut, c’est à dire notre richesse nationale, nous allons pouvoir en sortir. Selon les règles européennes, cela suppose deux années consécutives de déficit sous la barre des 3%. L’année dernière, la France était à 2,6 % et devrait enregistrer 2,3% en 2018.
Une crédibilité nouvelle pour le pays
Officiellement, la décision de Bruxelles de sortir la France de cette procédure ne sera prise que le 23 mai, mais le commissaire européen, Pierre Moscovici, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, devrait l’annoncer dès jeudi, trop heureux de porter la bonne nouvelle, laquelle crédibilise le pays.
Remercions en partie la croissance : la baisse de notre déficit vient bien plus de la reprise économique, qui génère des cotisations, des impôts, des rentrées d’argent en plus, qu’à la baisse des dépenses de l’Etat. Car la France reste championne toutes catégories de la dépense publique, qui représente 56 % du PIB, soit dix points de plus que l’Allemagne. Et même si notre déficit s’améliore, la France reste encore très au-dessus de la moyenne européenne. De nombreux pays européens enregistrent d’ailleurs des excédents budgétaires : la France fait partie les derniers de cordées de l’Europe.
La dette représente 97% de notre PIB
C’est pour cette raison que le gouvernement ne veut pas entendre parler de cagnotte : la dette, abyssale (2 200 milliards d’euros), représente 97% de notre PIB, contre une moyenne de 81 % dans l’Union européenne. Là aussi, on est en bas du classement : on fait partie des pays les plus endettés, avec la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne. Autant dire que nous ne sommes pas tirés d’affaires, d’autant que la Commission européenne a de quoi s’inquiéter avec la série d’annonces de ces dernières semaines, qui n’ont pas été intégrées dans la feuille de route qu’on lui a présentée il y a un mois.
Il y a la reprise d’une partie de la dette de la SNCF par l’Etat dès 2020, la suppression totale de la taxe d’habitation sans contrepartie, ou encore le projet de service national universel, etc. : des dépenses qui se comptent en milliards d’euros et qui nous éloignent encore un peu plus de la perspective d’un équilibre budgétaire : la France n’a pas eu un budget à l’équilibre depuis 1974. Réjouissons-nous donc de la sortie de la procédure de déficit excessif, mais la France va rester encore sous surveillance.
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