Le décryptage éco. La Commission européenne doit annoncer la sortie de la France de la procédure pour déficit excessif
Cela faisait presque dix ans que l’Hexagone était dans cette procédure. Il s’agit cependant de rester prudent : la France est loin d’être tirée d’affaires et restera sous surveillance.
C’est le signe positif que nos comptes publics se redressent : la Commission européenne doit annoncer aujourd’hui la sortie de la France de la procédure pour déficit excessif. C’est une bonne nouvelle, mais pas de quoi triompher. Cela veut dire que le déficit de la France passe en dessous de la fameuse barre des 3% de la richesse nationale. Il devrait se situer à 2,3 % cette année après 2,6% l’année dernière. Cela faisait presque 10 ans que l’Hexagone était dans cette procédure, et restait l’un des deux seuls pays de la zone euro à y être empêtrés, avec l’Espagne.
La France restera sous surveillance
Il faut cependant rester prudent : la France est loin d’être tirée d’affaires et restera sous surveillance. Bruxelles continuera de regarder de près nos comptes, un peu comme si nous étions de grands convalescents. Selon les textes européens, le budget français devra répondre à des règles plus strictes que la seule contrainte des 3,0%.
Il s’agira ainsi de réduire notamment notre déficit structurel, c'est-à-dire le déficit calculé sans les effets de la croissance. La Commission exige qu’il baisse de 0,5 point de PIB par an. La France doit aussi réduire sa dette, qui reste très élevée, puisqu’elle atteint 96,4% du PIB en 2018.
La Cour des comptes le disait encore en février dernier et risque encore le dire tout à l’heure lors de la présentation de son rapport sur le budget de l’État : "Même avec un déficit ramené sous la barre des 3%, la France continue de présenter une situation financière plus dégradée que celle de la quasi-totalité de ses partenaires de la zone euro."
La priorité du gouvernement est de faire des économies
C’est pour cette raison que le gouvernement cherche à faire des économies, et c’est même sa priorité. C’est d’autant plus important, que la copie que Paris a présentée à Bruxelles, il y a quelques mois, ne comprenait pas plusieurs postes importants qui vont peser sur le budget.
On pense à la reprise de la dette de la SNCF par l’État. Le gouvernement devrait dévoiler cette semaine le montant mais cela devrait être de l’ordre de 35 milliards d’euros au moins. Il y a aussi la suppression de la taxe d’habitation : un récent rapport chiffre la fin de cette taxe à 26 milliards d’euros en moins pour les caisses de l’État.
L’exécutif français, lui, martèle qu’il n’augmentera pas les impôts. Cet engagement rend encore plus compliquée l’équation budgétaire : il faut se souvenir que ces dernières années, l’amélioration de nos comptes a surtout été réalisée grâce à la croissance, mais aussi grâce à une très nette hausse des recettes publiques, de l’ordre de 4% par rapport à 2017. Bien plus, en réalité, que grâce à des coupes dans les dépenses…
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