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Le décryptage éco. Hinkley Point ou la renaissance de la filière nucléaire française

Les conséquences pour EDF du feu vert donné hier par les britanniques, à la construction de deux centrales nucléaires au Royaume Uni.

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Logo EDF (ERIC PIERMONT / AFP)

C’est une énorme nouvelle pour l’industrie française, pour toute la filière nucléaire française. Et on peut dire qu’elle revient de loin cette filière, de très très loin même. On peut même dire que cet énorme contrat sauve l’avenir de notre filière nucléaire, qui était au bord du gouffre.

Pour bien comprendre, il faut imaginer quelles auraient été les conséquences si les Britanniques avaient dit "non" : tout l’été, les équipes d’EDF et plus largement du nucléaire français ont retenu leur souffle : le nouveau gouvernement britannique, post Brexit, avait décidé de se donner un peu de temps pour examiner ce contrat, après tout rien de plus normal :  il est colossal, plus de 21 milliards de dollars et il touche à un domaine ultra sensible, le nucléaire, et l’approvisionnement électrique du pays au XXIème siècle et il concerne donc aussi la sécurité et à la souveraineté nationale britannique. Si les Britanniques avaient dit "non", et rejeté ce projet, c’est la technologie nucléaire française qui aurait été rejetée, son savoir faire, sa crédibilité internationale qui aurait été mis en doute, et elle ne s’en serait pas relevée. Cela aurait été un coup mortel.

 

EDF et Areva ont essuyé une série d’échecs, pas tous résolus d’ailleurs

C’est bien pour cela que le contrat d’Hinkley Point constituait un tel d’enjeu. A Flamanville, dans la Manche, qui est l’un des plus gros chantiers en cours en Europe, EDF et Areva ont essuyé des problèmes graves à répétition : énormes retards et surcoûts pour la construction de l’EPR, le réacteur de nouvelle génération. En Finlande, Areva a connu une suite de déboires qui ont coulé l’entreprise ou presque, le chantier de construction a pris dix ans de retard. Vous imaginez bien, avec ces deux chantiers boulets dévastateurs pour sa réputation, le travail qu’ont accompli les équipes d’EDF et d’Areva pour qu’on leur fasse confiance à nouveau : on ne savait plus si les Français étaient encore capable de construire des centrales nucléaires, notamment avec cette technologie de l’EPR. il y a eu un énorme travail interne, de conviction, de retour d’expérience, sur ces échecs, en termes technologiques, en termes de management de projet, d’organisation, de reporting, de métiers, tout à du être réexaminé, passé au tamis, corrigé. Et c’est la crédibilité de ce travail là qui a été validé en quelque sorte par la britanniques et qui permet à la filière nucléaire française de croire à sa renaissance dans un monde où le nucléaire va encore beaucoup compter. 

Des doutes et des risques persistent 

L’entreprise EDF va traverser encore une zone de risques. En terme financier d’abord, parce qu’EDF devra beaucoup investir avant de commencer à toucher les premières royalties de ce contrat ; et puis bien sûr la réalisation du chantier va représenter un défi quotidien pour les équipes. Enfin il y avait aussi de gros doutes en interne. Nous croyons qu’ils vont en partie au moins se dissiper. D’abord parce qu’un tel contrat est une aubaine pour l’emploi, EDF va embaucher 4500 personnes supplémentaires. Et aussi parce l’opposition de la CGT était aussi très politique dans cette affaire : le nouveau patron d’EDF Jean-Bernard Lévy, à la différence de ses prédécesseurs, ne souhaite plus être dans un système sinon de cogestion, du moins de relation quasi exclusive avec la CGT, au contraire le pdg gère les syndicats de sa maison à égalité. Et ça aussi, c’est sans doute une très bonne chose pour l’entreprise.


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