Le décryptage éco du mardi 24 octobre 2017
Une délégation de salariés de GM&S a été reçue à l'Elysée, lundi. Les salariés sont ressortis écœurés. Le décryptage de Fanny Guinochet.
"La pire réunion depuis le début de leur combat" : ainsi la délégation de salariés de GM&S ont-ils résumé leur visite à l'Elysée, lundi 23 octobre, déçus, amers, de n’avoir rien obtenu. C’était prévisible, car le gouvernement estime qu’il a fait le maximum pour cet équipementier de la Creuse
Déjà, il a facilité la reprise. Il n’y avait qu’un repreneur, Alain Martineau. Le gouvernement lui a fait un pont d’or en exonérations, aides diverses pour le convaincre de reprendre le site. Ensuite, l’Etat a fait pression sur PSA et Renault, dont GM&S est le sous-traitant. Les constructeurs se sont engagés à engager 22 millions d’euros de commandes pendant cinq ans.
Le gouvernement estime avoir fait le maximum
Le problème, c’est que la reprise ne concerne que 120 salariés. 156 sont licenciés. Ce sont eux qui se battent. Ils veulent de meilleures conditions de départ, des primes supralégales, c’est à dire de l’argent en plus des indemnités légales. Ils demandent environ 75 000 euros par personne au gouvernement. Sauf que l’Etat ne paie pas les supralégales. Il n’a pas vocation à le faire… sinon ce serait un puits sans fond.
Les conseillers d’Emmanuel Macron se sont plutôt engagés à aider les salariés à se former, se reclasser, se reconvertir. L’Etat a aussi créé une antenne emploi spécifique pour les GM&S, en plus de Pôle emploi. Il a mis en place un système d’allocation temporaire, pour compenser le salaire de ceux qui retrouveraient un job moins bien payé. L’Etat prend en charge une partie de la différence. Mais il estime qu’il est au bout du bout.
On est dans une impasse et cela risque de durer. Beaucoup d’experts font le parallèle avec Goodyear ou les "Conti", Continental, ces usines qui avaient fermées dans la Somme. Le désespoir était le même, et il avait conduit certains licenciés à être jusqu’au-boutistes. Finalement, cela les avait pénalisés. Beaucoup ont eu du mal à retrouver un job parce que, forcément, les patrons ne voulaient pas engager des fortes tête .
Pas de geste d'Emmanuel Macron
La déception des GM&S tenait aussi au fait qu’Emmanuel Macron n’est pas venu. Après la polémique et la petite phrase sur "ceux qui foutent le bordel plutôt que de chercher un job" qu’Emmanuel Macron avait prononcée le 4 octobre dernier et qui visait directement les GM&S, on aurait pu penser que le Président viendrait au moins saluer la délégation en fin de rendez vous. Il ne l’a pas fait.
Résultat : Les GMS promettent de continuer le combat. Ils contestent le plan social devant les tribunaux, ils envisagent des actions. Bref, Emmanuel Macron risque de porter ce dossier comme un sparadrap, comme Florange avait collé à Hollande pendant tout son quinquennat.
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