Le décryptage éco. Des primes à l'embauche pour une nouvelle version des emplois francs
La ministre du Travail et le ministre de la Cohésion des territoires lancent lundi un dispositif d'emplois francs, d'aides à l'embauche, dans près de 200 quartiers populaires. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Muriel Pénicaud, ministre du Travail et Jacques Mezard, ministre de la Cohésion des territoires, lancent lundi 9 avril à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) un dispositif d'emplois francs. Ce sont des contrats aidés. Les emplois francs existaient déjà sous François Hollande, mais ils ont été arrêtés en 2015. Emmanuel Macron a choisi de les relancer sous une nouvelle formule, en les testant dans plusieurs quartiers prioritaires. Depuis le 1er avril dernier, les entreprises et les associations qui embauchent des chômeurs habitant certains quartiers prioritaires peuvent toucher une prime, jusqu'à 15 000 euros répartis sur trois ans pour un CDI, et jusqu'à 5 000 euros pour un CDD, répartis sur deux ans.
Le calendrier n’est pas un hasard…
Les emplois francs ont été décidés et budgétés à l’automne dernier. Ils étaient dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron. Mais ce n’est pas un hasard s’ils démarrent à un moment de forte grogne sociale : Emmanuel Macron perd des points dans les sondages chez les classes populaires. C’est aussi un moment où les banlieues et les quartiers populaires font savoir qu’ils se sentent délaissés. La semaine dernière, Stéphane Gatignon, le maire de Sevran, en Seine-Saint-Denis, a démissionné de son mandat avec fracas, pour déplorer le "mépris" des gouvernants envers les banlieues. Jeudi, à l'occasion de sa prise de parole dans le 13 heures de TF1, Emmanuel Macron devrait annoncer un plan banlieue. Un rapport de l'ancien ministre Jean-Louis Borloo est attendu sur ce thème dans quelques jours.
Quelle efficacité pour les emplois francs ?
Sous François Hollande, les entreprises n’y avaient pas eu vraiment recours. Moins de 300 personnes avaient été embauchées par ce dispositif alors que l'exécutif tablait sur 10 000 recrutements en trois ans. Cette fois, le gouvernement estime que la prime, plus élevée, accélèrera le processus. Surtout, la mesure est désormais ouverte à tous les chômeurs de ces quartiers. Précédemment, seuls les jeunes y étaient éligibles. Enfin, le gouvernement promet que le dispositif est beaucoup plus simple.
Le gouvernement démarre par une phase pilote jusqu’en 2019. Près de 200 quartiers populaires ont été sélectionnés sur sept territoires comme en Seine-Saint-Denis, en métropole de Lille ou encore à Marseille. Mais rien ne dit que cette version Macron des emplois francs va séduire les employeurs.
Est-ce que ça va coûter cher ?
Le gouvernement a prévu un budget de 180 000 millions d'euros et jusqu’à 30 000 emplois francs pourraient être engagés durant toute cette phase d'expérimentation. L'objectif étant de lutter contre le chômage qui reste très élevé en banlieue – même s'il varie fortement selon les quartiers. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime qu’il atteint entre 7 % à 54 %.
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