Le décryptage éco. Contrats aidés : le gouvernement tente de calmer la grogne
Plusieurs maires estiment que la rentrée scolaire se tient dans des conditions tendues. En cause, la baisse des contrats aidés. Le gouvernement tente de rassurer.
Les contrats aidés sont ces emplois qui sont pris en charge à 75% par l’Etat, et dont le gouvernement veut réduire le nombre. Dans les écoles, on les utilise pour les cantines, les études surveillées, mais ils font aussi vivre aussi les associations. Et elles aussi sont inquiètes. Les Restos du Cœur de Grenoble ont interpellé le Premier ministre, samedi 2 septembre sur franceinfo, car l’association ne peut plus servir de repas chauds. Elle ne peut plus garder le cuisinier qui était en contrat aidé. Edouard Philippe, sur franceinfo, a promis que "ce serait réglé le plus vite possible".
Ce cas entre dans les trois secteurs prioritaires qui seront préservés, selon le gouvernement. L’urgence sanitaire et sociale, l’accompagnement des enfants handicapés, l’Outre-mer. Le gouvernement ne veut pas prendre le risque d’un nouveau conflit social comme en Guyane, au printemps dernier.
Le gouvernement a quand même prévu de réduire de façon importante, le nombre de ces contrats. Il y en avait eu 460 000 en France. Mais 2016 était une année record. On devrait finir l’année 2018 à 320 000. Et encore, le gouvernement a consenti à une rallonge cet été de près de 40 000 contrats de plus.
Système "clientéliste"
On l’entend peu, mais en réalité, la réduction de ces contrats avait été décidée par les équipes de François Hollande. L’enveloppe dont a hérité Emmanuel Macron en arrivant au pouvoir était de 280 000 contrats. Emmanuel Macron veut en finir avec ce système qu’il juge peu efficace. Et qui revient à mettre des gens dans des jobs de façon artificielle, pour les sortir des statistiques du chômage.
Plusieurs études du ministère du Travail mais aussi de la Cour des comptes montrent en effet que ces contrats ne permettent pas aux gens de s’insérer, et qu’une fois le contrat terminé, c’est souvent retour à la case chômage. En plus, cela coute très cher : plus de 4 milliards d’euros l'année dernière, et le chômage n’a pas beaucoup baissé.
Cette annonce suscite pourtant la colère… Les élus locaux sont remontés car c’était pour eux une façon d’embaucher sans payer la facture, (puisque ces jobs sont presque totalement subventionnés par l’Etat). Mais Emmanuel Macron est ferme : dans son interview au Point, il dénonce carrément "le clientélisme" de ce dispositif.
La baisse des emplois aidés passe aussi très mal chez les syndicats. Une fois n’est pas coutume, et contrairement à la réforme du Code du travail, ils sont unanimes. Même Laurent Berger de la CFDT parle "d’erreur politique".
En fait, les emplois aidés donnent des résultats quand ils s’adressent à des gens très éloignés de l’emploi (des jeunes peu qualifiés, des seniors de longue durée…) et quand ils sont accompagnés d’une formation. Et c’est là-dessus que le gouvernement veut mettre le paquet. Il s’engage à ce qu’un million de personnes soient formées dans les années qui viennent, dont 60 000 d'ici la fin de l'année.
Le chiffre du jour
Les salaires des cadres n’ont augmenté que de 1,7% cette année, selon le baromètre d’Expectra, une filiale du groupe d’intérim et de recrutement Ranstad. Ce chiffre montre la prudence des entreprises, qui malgré la reprise, préfèrent investir dans leur redressement plutôt que dans les salaires.
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