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Le décryptage éco. Commerce : pourquoi la France décroche ?

Mauvais chiffres pour l’économie française, déficit record pour le commerce extérieur... Pourquoi le "made in France" est actuellement en perte de vitesse ?

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le "made in France" est en perte de vitesse, et l'économie française en subit les conséquences. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

C’est l’une des grandes questions de l’économie française : pourquoi le "made in France" se porte mal ? Cela n'a pas toujours été le cas. Jusqu’à la fin des années 1990, les produits français se vendaient partout en Europe et dans le monde, au point que notre balance commerciale était excédentaire. À cette époque, la France vend alors beaucoup plus de biens et de services qu’elle n’en achète.

Et puis, dès le début des années 2000, se produit un décrochage brutal, et désormais continu. Dans le commerce mondial, la part de la France continue de se réduire. Les derniers chiffres tombés à la fin du mois de janvier confirment cette perte d’influence et de parts de marché, y compris dans la zone euro. Le domaine des services est également touché, ce qui est une nouveauté : jusqu’ici il s'agissait plutôt de l'un des points forts de la France.

Une exception en Europe

Au début de ce décrochage, les économistes ne se sont pas trop inquiétés : ce décrochage semblait dû à la facture énergétique, qui était déjà considérable. Sauf que cette dégradation de notre commerce continue, alors les prix de l’énergie sont très bas depuis 2 ans. Et même si vous retirez nos importations d’énergie, le problème reste entier. Cette situation est d’autant plus critique que nos principaux partenaires, notamment européens, c’est-à-dire ceux qui ont un modèle social et économique assez proche du nôtre exportent à tout va et dégagent des excédents commerciaux.

Les raisons de ce décrochage

Beaucoup pensent encore que la compétitivité de l’économie française n’est plus un sujet, et qu’il a été réglé par les baisses de charges importantes du quinquennat Hollande. C'est une erreur. L’écart de coûts s’est certes réduit avec nos concurrents, mais les produits français sont jugés encore trop chers. La compétitivité reste donc un sujet qui devra être pris à bras le corps par le prochain président de la République.

Le deuxième point, très important, est une pierre dans le jardin des entreprises et des patrons : notre appareil productif est inadapté à la demande mondiale. Surtout, nos produits sont de qualité moyenne. Si les Allemands engrangent les excédents, c’est d’abord parce que leurs produits sont positionnés sur le haut de gamme et donc vendus plus cher. L'urgence, c'est de faire monter en gamme les produits français.

Le troisième facteur, c’est l’épuisement de notre industrie, qui a vraiment atteint désormais un seuil critique. Or, une économie développée nécessite une base industrielle pour exporter. La capacité d’innovation dans des secteurs à très forte valeur ajoutée se situe dans l'industrie.

Une France inadaptée à la mondialisation

L’économie française n’est en effet pas assez ouverte au monde. Notre appareil productif n’est pas assez tourné vers les pays émergents, notamment l’Asie (qui ne représente que 15% du total des nos échanges extérieurs). La France accuse même un lourd déficit avec la Chine. Nous n’avons pas encore pris assez conscience de la bascule économique intervenue dans l’économie mondiale. Sur ce terrain, nos principaux concurrents font mieux. Nous devons sillonner et défricher ces nouvelles routes commerciales dans ces zones émergentes à forte croissance.

Le tableau semble peut-être un peu noir. Mais la bonne nouvelle est qu’il n’y a aucune fatalité : chacun des facteurs évoqués peuvent être traités, au moins sur le moyen terme. Certains pays ont su renverser la vapeur. C’est une question à la fois de vision, de doctrine, d’ambition, de détermination. Et cela tombe bien, on est justement en campagne électorale.

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