Le décryptage éco. Comment la dégressivité des allocations-chômage revient sur la table
Dans son interview au "Journal du Dimanche", le Premier ministre, Edouard Philippe, aborde les indemnités chômage et la question de la dégressivité. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Dans son interview publiée dimanche 26 août dans le Journal du Dimanche, le Premier ministre, Edouard Philippe, évoque sa volonté de s’attaquer aux allocations chômage. En France, dans le système actuel, il n’y pas de dégressivité. Lorsque vous êtes inscrits à Pôle emploi, un montant est calculé et vous touchez la même somme pendant presque deux ans, sauf pour les chômeurs de plus de 52 ans pour qui c’est presque trois ans. Dans tous les cas, il faut pour cela avoir suffisamment cotisé pour prétendre à des droits
Le sujet de la dégressivité, c’est à dire la baisse progressive du niveau des allocations, est régulièrement mis sur la table, notamment par le patronat et une partie de la droite. Dans le JDD, Edouard Philippe se dit prêt à en discuter "sans tabou ni présupposé".
Les cadres dans le viseur
Avant de trancher, le gouvernement va laisser les partenaires sociaux négocier. Il les reçoit d’ailleurs cette semaine pour en parler. On peut se poser deux questions : à partir de combien de temps de chômage, la dégressivité se mettrait en place ? Est-ce qu’elle concernerait tous les chômeurs ? Le gouvernement ne le dit pas, mais on sent une chose : son ambition de limiter les allocations des inscrits à Pôle emploi qui touchent plus de 5 000 euros par mois, c’est à dire les cadres. D’autant que la France est le seul pays a avoir un tel niveau d’indemnisation, jusqu’à plus de 6 500 euros mensuels. Pour l’instant, toutefois, pas question de s’en prendre à tous les demandeurs d’emploi, ce serait beaucoup trop explosif.
Les syndicats sont contre la dégressivité. Vont-ils pour autant monter au créneau ? Ce n’est pas aussi simple. Le syndicat des cadres, la CFE-CGC, promet évidemment de ne pas laisser faire, mais pour les autres organisations, en revanche, ça fait moins scandale. Et puis ce n’est pas facile de défendre des actifs au chômage qui ont des hauts revenus. Les syndicats vont plutôt se concentrer sur d’autres réformes qui affectent les plus fragiles.
Ces dernières années, les règles de l’indemnisation des cadres n’ont pas été revues car ce sont eux qui cotisent le plus et qui abondent le régime d’assurance chômage. Avec la reprise, ce sont aussi eux qui retrouvent le plus facilement du travail – leur taux de chômage est en-dessous de 4% contre 9% pour les autres travailleurs. Du coup, ce gouvernement se sent plus libre de réduire leurs droits.
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