Le décryptage éco. Comment la crise des "gilets jaunes" impacte la négociation sur l'assurance chômage ?
Mardi après-midi, le patronat et les syndicats se retrouvent pour la négociation sur l'assurance chômage. La crise des "gilets jaunes" peut-elle peser sur ces discussions ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Comment réformer l’assurance chômage dans un climat aussi tendu ? Le patronat et les syndicats se posent la question, certains ont d’ailleurs hésité avant de poursuivre les discussions, car il s’agit très concrètement de revoir les règles d’indemnisation des chômeurs et cette négociation se fait dans un cadre très contraint.
3,9 milliards d'euros d'économies sur trois ans
Au départ, les partenaires sociaux n’étaient pas demandeurs de s’attaquer au système d’assurance chômage, qui est en déficit et qui affiche une dette de plus de 35 milliards d’euros. C’est le gouvernement qui leur a demandé, en les sommant de faire plus d’un milliard d’euros d’économies par an (exactement 3,9 milliards sur trois ans).
Forcément, il y a un risque de réduire les droits des chômeurs. Plusieurs négociateurs syndicaux expliquent d’ailleurs que le mouvement des "gilets jaunes" met bien en valeur la nécessité de préserver le pouvoir d’achat des plus précaires. En effet, parmi les demandeurs d’emplois, il y a, par exemple, de nombreuses personnes qui alternent activité réduite et indemnités chômage, c’est ce qu’on appelle les "permittents".
Rappelons aussi que la moitié des chômeurs indemnisés travaille chaque mois et que 70% des gens qui cumulent allocation chômage et salaire touchent moins d’un smic par mois.
Le régime des intermittents au menu des discussions
Les partenaires sociaux vont regarder les règles du cumul emploi/chômage, mais aussi comment on calcule le salaire journalier de référence qui permet ensuite de déterminer le montant de l’allocation chômage d’un demandeur d’emploi, ou encore ce qu’on appelle les droits rechargeables, car aujourd’hui, si un inscrit à Pôle emploi travaille un certain nombre d’heures minimales, il peut prolonger d’autant son indemnisation.
Il y a aussi un autre sujet très sensible, qui doit aussi être discuté mardi : c’est celui des intermittents. Cette catégorie de travailleurs dispose d’un régime chômage spécifique.
Les partenaires sociaux (au moins le patronat) vont leur demander de faire leur part d’économies, une trajectoire financière doit leur être proposée. La CGT spectacle a d’ores et déjà dit qu’elle ne l’accepterait pas, elle appelle d’ailleurs à se mobiliser aux côtés des gilets jaunes
Un accord difficile
Déjà avant la crise des "gilets jaunes", la situation était très compliquée. Alors aujourd’hui, la perspective d'aboutir à un accord semble encore plus compromise. En même temps, les partenaires sociaux ont retrouvé un peu plus d’influence vis-à-vis du pouvoir politique. Ils ont demandé du temps supplémentaire pour négocier à Edouard Philippe, qui leur a accordé un délai jusqu’à février.
L’exécutif reste attaché à une réforme de l’assurance chômage. Emmanuel Macron en a encore parlé lors de son allocution télévisée. Reste à savoir si aujourd’hui, il aura les moyens d’imposer ce type de changement aux Français.
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