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Le décryptage éco. Assurance chômage : même aménagée, la reforme pénalisera 40% des chômeurs

la réforme de l’assurance chômage fait son retour. Le gouvernement ne l’a pas abandonnée, et ça promet un débat houleux.  À quoi faut-il s’attendre ? Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié Mis à jour
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Une agence Pôle emploi à Marseille (Bouches-du-Rhône). Photo d'illustration. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Elisabeth Borne, la ministre du Travail, répète que cette réforme, lancée bien avant la crise, reste nécessaire. Il suffit de l’adapter au contexte et sa solution est de jouer sur le calendrier, de mettre en œuvre les mesures quand la situation économique deviendra plus supportable. Quand le taux de chômage sera un peu moins élevé.
Par exemple, pour avoir des droits au chômage, avec la réforme, il faut avoir travaillé six mois et non plus quatre mois sur les deux dernières années. Cette disposition ne se déclenchera que si le nombre d’offres d’emploi revient à des niveaux proches de la normale.

Pareil pour la dégressivité des indemnités de ceux qui gagnaient plus de 4 500 euros brut par mois, c’est à dire la baisse des allocations au fur et à mesure que le temps passe. La mesure est suspendue jusqu’au 1er avril mais elle ne s’appliquerait qu’en fonction de l’amélioration du marché du travail des cadres. Les demandeurs d’emploi devraient donc gagner quelques mois avant le durcissement de certaines règles.

Les syndicats sont vent debout contre cette réforme

Elisabeth Borne va rencontrer tous les syndicats mardi 2 mars. Ils étaient déjà opposés à cette réforme avant la crise. Dans le contexte, ils la trouvent encore plus punitive qu’avant pour les chômeurs. Surtout que ces reports ne concerneraient que quelques dispositions, pas toutes. Par exemple, le nouveau calcul du montant des allocations, beaucoup moins avantageux notamment pour ceux qui alternent périodes de travail et d’inactivité et s’appliquerait dès cet été. Même aménagée, cette réforme pénaliserait très vite 40% des chômeurs. Alors que pour les entreprises, le fameux bonus-malus, c’est à dire la taxation des contrats précaires, n’interviendrait pas avant fin 2022, au mieux. Un deux poids, deux mesures injuste selon les syndicats.

Le gouvernement cherche à faire des économies. Avant la crise, l’objectif était déjà de faire gagner jusqu’à plus d'un milliard d’euros par an au système. Le but n’a pas changé : même si ce milliard d’euros d’économie peut sembler dérisoire au regard des pertes liées à la pandémie. On le sait peu, mais l’assurance chômage paie par exemple un gros tiers de la facture du chômage partiel qui permet à des salariés de rester en poste. Les déficits explosent et les prévisions tablent sur une dette de plus 70 milliards d’euros l’an prochain… Du jamais vu depuis que le système existe.

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