Le décryptage éco. Ascoval : le repreneur British Steel affirme qu’il tiendra ses engagements, mais sa santé financière inquiète
C’est mercredi que la reprise d’Ascoval, l’aciérie de Saint-Saulve, dans le nord de la France, doit être finalisée. Mais le repreneur, le sidérurgiste britannique British Steel, a des difficultés financières. Quel impact sur la reprise ? Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
British Steel a des difficultés financières. Cette entreprise britannique doit normalement reprendre officiellement Ascoval mercredi 15 mai et jure que cela ne change rien, qu’il n’y a aucun souci à se faire...
Mais forcément, hier, lorsque l’information sur les difficultés du groupe a été publiée dans la presse anglaise, cela a jeté un froid en France. D'autant plus que le groupe a confirmé, quelques heures plus tard, dans un communiqué très officiel, qu’il y avait effectivement engagé des négociations avec le gouvernement britannique pour obtenir de l’argent "pour assurer la continuité de son activité". British Steel jure que ces discussions n'ont pas d'impact sur sa volonté de reprendre l'aciérie Ascoval de Saint-Saulve. Le groupe s’est engagé à reprendre l’entreprise en redressement judiciaire depuis novembre 2017 et sauver ainsi les 268 salariés qui restent.
British Steel a besoin d’argent frais
Pour pouvoir poursuivre son activité, le sidérurgiste chercherait 75 millions de livres, ce qui fait un peu plus de 86 millions d’euros. Il cherche à lever des fonds au plus vite parce qu’il n’a plus de trésorerie. Il a d’ailleurs dû faire appel à l’aide du gouvernement britannique le mois dernier pour payer à Bruxelles une facture liée aux émissions de CO2.
Lorsque les négociations pour la reprise d’Ascoval ont eu lieu, il y a quelques mois, le groupe n’avait pas laissé entrevoir qu’il allait mal. Certes, tout le monde savait que la filière de l’acier ne se portait pas très bien, mais comment imaginer que British Steel était autant en difficulté ? British Steel, c’est le deuxième acteur du secteur de l’acier au Royaume-Uni – autant dire que ce n’est pas une petite entreprise – qui a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 1,4 milliard de livres, ce qui fait 1,63 milliard d’euros. Elle compte 5 000 employés. Mais le groupe anglais explique sa situation s’est rapidement aggravée en quelques mois. Notamment à cause du contexte, des incertitudes créées par le Brexit.
La reprise d'Ascoval, une délocalisation déguisée ?
La reprise d’Ascoval devrait bel et bien se faire mais quel sera l’avenir ? Certains experts pensent que ce sont les syndicats anglais de British Steel qui ont fait fuiter l’information sur les difficultés de l’entreprise pour faire pression sur la reprise d’Ascoval – c’est vrai que l’information est sortie juste avant la finalisation de la reprise aujourd’hui – parce qu’en fait ils craignent une délocalisation en bonne et due forme. C’est-à-dire qu’en réalité, étant donné les problèmes que pose le Brexit, British Steel va tout faire pour installer son activité ailleurs que sur le sol britannique et Ascoval est très bien placée pour le faire.Cela pourrait donc profiter au contraire à Ascoval.
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