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Le décryptage éco. Aidé par l'État, Renault peut-il éviter de tailler dans les effectifs ?

Emmanuel Macron réclame des garanties sur le maintien de l’emploi chez Renault. L’État prête de l’argent au groupe alors pas question d’un chèque en blanc. Mais Renault peut-il éviter les suppressions d'emplois ? Le décryptage éco de Fanny Guinochet ("L'Express")

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président de la République, Emmanuel Macron, avec le président de Renault, Jean-Dominique Sénard, à Tokyo (Japon), le 27 juin 2019. (LUDOVIC MARIN / POOL)

Emmanuel Macron a posé ses conditions, mardi 26 mai : il garantit un prêt de 5 milliards d’euros à Renault mais il lie ce prêt aux discussions à venir entre les dirigeants du groupe, les syndicats et les élus locaux sur l'avenir des sites de production. Pas question qu’il y ait de la casse sociale, pourtant, il y aura bien des réductions d’effectifs. On voit mal, étant donné la situation, comment Renault peut éviter les restructurations. La plupart de ses usines tournent à la moitié de leur capacité. À Dieppe (Seine-Maritime), par exemple, le constructeur sort moins d'une dizaine de modèles Alpine par jour, c’est beaucoup trop peu pour être rentable.

Certes, mardi, le chef de l’État a tenu à rassurer les salariés du groupe, notamment ceux de Maubeuge et Douai. Mais il faut s’attendre à ce que les deux sites, par exemple, soient regroupés. Et est-ce que Renault pourra conserver toutes ses usines françaises, notamment les plus petites ? Mardi soir, sur BFMTV, Bruno Le Maire a répondu que "la fermeture de sites ne peut être que la toute dernière extrémité". Mais le ministre de l’Économie ne l’a pas non plus exclu formellement, tout simplement parce que même s’il est actionnaire de Renault à 15%, l’État ne peut pas tout, comme disait Lionel Jospin.

Les syndicats craignent des suppressions de postes

Dans ce contexte, la crainte des syndicats sur l'emploi est fondée. Vendredi, Renault doit présenter un plan de relance. Et il faut s’attendre à des annonces de suppressions d’emplois, plusieurs milliers probablement. Fidèle à sa tradition sociale, Renault va privilégier les départs volontaires, éviter les licenciements secs, mais il n’empêche. De plus, on parle des usines de production, mais les cols blancs sont aussi visés. Le Technocentre qui regroupe les équipes d’ingénieurs va être réorganisé. PSA a annoncé que ses cadres allaient basculer en télétravail, Renault envisage de faire la même chose. C’est une façon de gagner des mètres carrés de bureaux et de réduire les coûts.

Renault mise sur les voitures électriques pour s’en sortir. Les véhicules propres, c’est l’espoir pour la marque au losange qui a de vrais atouts en la matière. Renault a été l’un des premiers à miser sur cette révolution automobile : la Zoe est la voiture électrique la plus vendue en France. Et puis, sous la pression du gouvernement, Renault va finalement entrer dans l’alliance pour "l’Airbus européen des batteries". C’est aussi un levier de croissance sur lequel le groupe compte, lui qui aujourd’hui joue sa survie.

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