Le décryptage éco. À Londres, le Brexit ralentit le marché de l'immobilier
Le marché de l'immobilier connaît un ralentissement à Londres à cause du Brexit. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Londres est connue pour ses prix de l’immobilier très élevés mais, avec le Brexit, le marché se ralentit. C'est une des premières conséquences très concrètes du divorce annoncé entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Selon la banque mutualiste Nationwide, les prix de l'immobilier résidentiel ont baissé à Londres de 0,6 % en un an. C'est du jamais vu depuis 2005.
Les transactions sont également plus longues. En effet, dans les quartiers les plus chers de la capitale, même si les prix restent élevés, il faut en moyenne 34 jours pour signer une transaction, contre 24 jours il y a un an.
En fait, les investisseurs étrangers, qui dopaient le marché, sont devenus plus regardants. Dans l'immobilier britannique, l’investissement direct étranger était au plus haut il y a cinq ans. De 2016 à 2017, il est passé de 214 millions de livres à 77 millions de livres. Les Russes, les Chinois ou les Qataris très riches préfèrent aussi louer plutôt qu’acheter. Ils privilégient le provisoire.
L'immobilier n'est pas le seul secteur concerné
L'incertitude créée par le Brexit pèse clairement sur le marché immobilier mais ce n'est pas le seul secteur concerné. Dans l’attente d’y voir plus clair, les entreprises étrangères mettent fin à leur projet et les sociétés britanniques reportent leurs investissements. Selon une étude du patronat britannique, 40 % des entreprises ont modifié ou réduit leurs programmes d'investissements en raison du Brexit. Fin octobre, plusieurs organisations de patrons ont d’ailleurs écrit une lettre ouverte à Theresa May, la Première ministre britannique, pour lui demander de sécuriser "d'urgence" une transition.
Les Anglais sont les premiers à subir les conséquences négatives induites par le Brexit. Depuis le référendum de juin 2016, la livre sterling a chuté d’environ 15 % par rapport à l’euro, ce qui augmente le prix des importations. Dans un pays qui importe plus qu’il n’exporte, cela provoque une poussée de l’inflation et, comme dans le même temps les salaires n’ont pas beaucoup évolué, le pouvoir d’achat des ménages anglais s’effrite.
Dans ce contexte, plusieurs experts sont pessimistes sur la conjoncture britannique. L’institution de Washington prévoit que la croissance ne dépassera pas 1,5 % au Royaume-Uni en 2018. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) parie sur seulement 1 %. Mais, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, on en retire des bénéfices : les riches Français qui vivent à Londres investissent maintenant plutôt à Paris. Les Anglais, quant à eux, représentent désormais 10 % des acheteurs étrangers dans la capitale française.
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