Le Brésil en récession
Il faut d’abord rappeler que le Brésil est grand comme 15 fois la France, qu’il est peuplé de 200 millions d’habitants et qu’il est aujourd’hui la 7ème puissance mondiale, Ensuite, il y a trois certitudes : Le Brésil sera présidé dimanche par une femme, une femme de gauche, et une femme de gauche dont l’économie sera le premier sujet de préoccupation.
Ce n’est pas rien, et si cette élection passe presque inaperçue en France, elle est suivie avec passion par toute l’Amérique Latine, qui se cherche un nouveau modèle, Alors oui, le Brésil a connu une impressionnante décennie de croissance, un quasi-miracle économique sous le règne de son président charismatique Lula da Silva, une politique économique sérieuse et orthodoxe conjuguée à de puissants programmes sociaux qui ont sorti de la pauvreté quelques 30 millions de Brésiliens et fait enfin émerger une classe moyenne avide de consommer, Le Brésil donnait, du coup, la première lettre de son nom, le B, à une appellation qui a fait flores, les BRICS, comme Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, ces cinq immenses pays dont l’irrésistible émergence redessinait toute l’économie mondiale
Mais ça n’a pas tenu ?
Non, le Brésil qui affichait encore un taux de croissance de plus de 7% en 2010, n’a cessé de ralentir depuis, pour entrer en récession au premier semestre de cette année, Il y a d’abord plusieurs causes externes, la sérieuse baisse de régime de la Chine - premier client du Brésil -, les difficultés de ses voisins comme l’Argentine, la stabilisation du cours des matières premières, l’annonce d’un resserrement de la politique monétaire américaine qui éloigne les capitaux des pays émergents, mais il y a aussi et surtout des facteurs internes : la chute de la compétitivité de l’économie brésilienne, l’état désastreux des infrastructures, le niveau élevé de l’inflation, l’interventionnisme de l’Etat qui affole les investisseurs, un système éducatif défaillant, ou encore un niveau de corruption qui provoque des scandales à répétition Cette situation de crise avive l’impatience de ces fameuses classes moyennes qui ont manifesté massivement dans les rues l’an dernier ou juste avant la coupe du Monde de football, contre le gouvernement de Dilma Roussef, qui avait eu la tâche difficile de succéder au président Lula.
Est-ce que les deux candidates qui sont au coude à coude, ont des programmes économiques différents ?
Oui, Dilma Roussef veut stimuler la consommation et favoriser la production sur un mode plutôt keynésien, et sa rivale, Marina Silva, du Parti socialiste brésilien, défend une politique plus libérale, pour attirer les investisseurs et rassurer les milieux financiers, elle défend le principe de l’indépendance de la banque centrale et une bonne discipline budgétaire, La vainqueur aura fort à faire, et une responsabilité immense : A travers le Brésil, c’est tout un continent qui attend un nouvel élan,
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.