La tempête ne faiblit pas sur les marchés financiers
Dans ce moment étrange sur les marchés, où la fébrilité le dispute au grand n’importe quoi, tout le monde a les yeux rivés sur les banques, en priant pour qu’elles tiennent bon. Car tout le monde se souvient qu’en 2008, c’est la faillite de la banque d’investissement Lehman Brothers qui avait déclenché la plus grave crise économique depuis les années 30. Les banques et leur système peuvent constituer soit une digue solide qui évite que la crise contamine l’économie réelle, soit au contraire une brèche qui propulse la crise dans tous les domaines de l’économie. Et les banques sont aujourd’hui assises sur un volcan : les banques européennes, à elles seules, ont déjà perdu 400 milliards de capitalisation boursière depuis le début de l’année. Dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale, de crises géopolitiques et surtout de grande incertitude, les investisseurs traquent deux faiblesses potentielles des banques, et se posent ainsi deux grandes questions :
1 – Sont-elles exposés au risque du pétrole, autrement dit ont-elles prêté de l’argent à des entreprises pétrolières, aujourd’hui fortement chahutées par l’effondrement des cours du brut ?
2 – Jusqu’où les taux d’intérêts très bas, pratiqués partout dans le monde, menacent-ils leur rentabilité, c’est à dire leur solidité ?
Commençons par le pétrole, y-a-t-il des banques qui sont très exposées à ce risque pétrolier ?
Oui, il y en a plusieurs, dans un contexte où les marchés redoutent l’effondrement sinon la faillite d’un grand du pétrole. Les banques canadiennes, par exemples ; sont très exposées car elles ont beaucoup misé sur le développement du pétrole de schiste. Pour l’instant, ces banques tiennent bons, mais elles vont souffrir. En France, nos banques ne sont pas du tout dans la même situation, la Société générale a voulu hier rassurer les marchés, ses avoirs pétroliers ne représentent que 3% seulement des expositions totales du groupe. Même propos rassurants hier tenus par BNP-Paribas et par Natixis. Donc pas ou peu de risque systémique pétrolier pour les banques françaises et même européennes.
Deuxième risque, les taux d’intérêt bas…
En présentant leurs résultats, les patrons des banques françaises l’ont reconnu sans ambages, des taux d’intérêts bas ou même négatifs, dégradent en partie leurs comptes, diminuent leurs marges et leur imposent sans aucun doute une évolution de leur modèle économique. Et c’est vrai presque partout. Mais les marchés ont une fâcheuse tendance à oublier que les banques ne sont pas du tout dans la même situation qu’en 2008. Pour le coup, elles ont fait le ménage dans leurs créances douteuses (sauf peut-être en Italie) et grâce aux exigences des régulateurs, elles ont considérablement accru leurs fonds propres, y compris d’ailleurs la Deutsche Bank, en Allemagne, qui concentre aujourd’hui les inquiétudes les plus tenaces. En résumé, il y a donc des faiblesses mais pas de périls qui menaceraient nos banques, qui n’ont donc aucune raison rationnelle d’être ainsi massacrées en bourse. Mais la raison, on le sait, ne calme pas toujours la fébrilité des marchés. Donc, un conseil aux banquiers, pris dans des zones de turbulence : gardez bien votre ceinture attachée.
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