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La situation économique en Allemagne se dégrade. Pourquoi ?

Mauvaise surprise, on a appris hier que la situation économique de l’Allemagne se dégradait brutalement. Que se passe-t-il exactement ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

D’abord le constat, Fabienne : c’est le moteur même de l’économie allemande qui est atteint : la production de l’industrie a accusé un recul spectaculaire de 4% au mois d’août. A ce mauvais chiffre s’ajoute celui des commandes à l’industrie qui font un plongeon inégalé depuis cinq ans. C’est bien évidemment préoccupant, puisque tout le modèle allemand repose sur sa force de frappe industrielle, son fameux tissu de PME du mittelstand dont les produits robustes et innovants ont envahi le monde entier. L’impact sur la croissance sera immédiat : l’économie allemande avait déjà calé au deuxième trimestre, elle risque désormais l’entrée en récession avec un troisième trimestre qui a toutes les chances d’être lui aussi négatif. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour la France, dont une partie de l’activité dépend du dynamisme outre-Rhin. L’essoufflement de la première économie de l’Europe est aussi une très mauvaise nouvelle pour la zone euro, dont le FMI a rappelé hier qu’elle était devenue le principal problème de l’économie mondiale.

Mais est-ce que cette langueur de l’économie allemande est durable ?

Soyons honnête, plusieurs économistes allemands ont relativisé cette mauvaise performance, en disant d’abord qu’il ne s’agissait que du mois d’août, qu’un décalage de vacances avait aussi minoré l’activité et enfin ils ont rappelé que leurs prévisions, comme celle du FMI, prévoient un joli rebond de l’activité au dernier trimestre. Pourtant, on est en droit de s’inquiéter car d’autres signaux montrent la fatigue du modèle rhénan :

1 - l’Allemagne est en proie à un vieillissement inquiétant de sa population qui pèse déjà sur l’activité.

2 - l’Allemagne souffre d’une autre faiblesse structurelle, c’est un manque critique d’investissements, notamment dans les infrastructures de transport qui, elles aussi, ont vieilli.

3 – même si c’est plus conjoncturel, l’économie allemande pâtit du climat de tension qui règne avec la Russie, depuis la crise ukrainienne, une crise qui est aujourd’hui encore sans solution.

Est-ce que cet accès de faiblesse de l’économie allemande pourrait provoquer une inflexion de politique économique en Europe ?

C’est le premier souhait de François Hollande qui ne cesse de réclamer à l’Allemagne depuis des mois d’utiliser ses marges de manœuvre – dûes à sa bonne gestion budgétaire – pour relancer la demande en Europe. Il faut souligner que le FMI dit la même chose, ainsi que le président de la Banque centrale européenne dans un registre, il est vrai, plus discret. Nul doute que le débat sera dans toutes les têtes aujourd’hui à Milan où se réunissent les chefs d’Etat et de gouvernement pour un sommet sur l’emploi. Mais la France ne peut faire mine de l’ignorer : c’est parce les réformes tardent de ce côté ci du Rhin que l’Allemagne reste réticente à mettre en place une véritable politique de relance à l’échelle européenne. Chacun doit faire sa part de job, selon les mots mêmes de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, qui sait mieux que personne que la politique monétaire ne peut pas tout.

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