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La mauvaise passe de Goldman Sachs

On la croyait intouchable, et voici que la reine banque américaine Goldman Sachs est à son tour rattrapée par la crise financière : bénéfices divisés par deux, amendes records en perspectives, nouveaux procès à venir, rien ne va plus au royaume de Goldman Sachs...
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

C’est un nouveau coup de tonnerre dans le ciel de la finance mondiale, on a longtemps cru que la plus prestigieuse des grandes banques mondiales passerait entre les gouttes de la crise financière de 2008 et de ses règlements de comptes. Et bien non ! On a appris jeudi lors de la présentation de ses résultats trimestriels, que Goldman Sachs avait du passer une provision de près d’1,5 milliard de dollars dans ses comptes. En clair, la banque met de l’argent de côté pour se préparer à payer une amende salée, entre 2 et 3 milliards de dollars, aux régulateurs américains.

En cause : les pratiques de Goldman Sachs pendant la crise des subprimes, ces fameux prêts immobiliers pourris consentis aux ménages américains. Ce sont ces prêts qui sont à l’origine de la plus grave crise financière mondiale depuis 1929. La déontologie de la banque est sérieusement mise en cause, Goldman Sachs se serait en plus enrichie pendant la crise des subprimes en pariant sur la faillite des ménages américains. Mais tous les coups ne sont pas permis : on a tendance parfois à l’oublier, au pays de l’hyper-capitalisme, la justice est capable d’envoyer des patrons véreux en prison et de faire payer des amendes records.

Un malheur n’arrivant jamais seul, la Grèce semble vouloir à son tour porter plainte contre Goldman Sachs…

On l’a aussi appris cette semaine : le gouvernement d’Alexis Tispras pourrait à son tour poursuivre Goldman Sachs, qui a conseillé les gouvernements grecs pendants des années et notamment en 2001-2002 quand la Grèce avait maquillé ses comptes pour tenter de faire croire qu’elle respectait les critères de l’euro. Athènes accuse la banque de lui avoir fait adopter des montages financiers opaques pour dissimuler sa dette en empochant en plus au passage une très confortable commission de 500 millions de dollars. C’est cette somme que le gouvernement Tsipras voudrait récupérer devant les tribunaux. Et comble de l’ironie, la Grèce serait aidée dans ses démarches par un ancien collaborateur de la banque, de fait très informé de ses pratiques… bref, là aussi, ça pourrait faire très mal.

Est-ce que Goldman Sachs est vraiment en danger aujourd’hui ?

Il faut bien reconnaître que la réputation de Goldman Sachs en a pris un sérieux coup ces dernières années, et que la réputation dans ces métiers, c’est le cœur du business. Rien de pire que le doute, la suspicion, le manque de confiance et les affaires, et elles poursuivent aujourd’hui Goldman Sachs. Jamais la maison n’a autant tremblé depuis sa fondation en 1869.

Pourtant, n’allons pas trop vite, Goldman Sachs a démontré jusqu’ici beaucoup de résilience, presque autant que son arrogance, elle est encore assise sur un matelas d’actifs qui fait encore environ une fois et demi le budget de la France. Et puis, les accusations sont parfois difficiles à prouver au regard des exigences du droit, et ce sera sans doute le cas dans le dossier grec. Mais Goldman Sachs n’est plus intouchable, ses banquiers travaillent désormais sous l’œil de la justice, des régulateurs, des concurrents, des anciens salariés, et enfin sous l’œil aussi des médias. Et tout ça pourrait changer beaucoup de choses.

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