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La Grèce toujours au bord du gouffre

Premier tour aujourd’hui en Grèce d’une élection présidentielle anticipée. A priori, le candidat conservateur de la coalition n'a aucune chance de rassembler les 200 voix nécessaires au Parlement. La crise politique devrait s'ajouter à la crise économique.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Majorité introuvable au plan politique sur fond de récession économique: tout est en place pour un nouveau psychodrame. On pensait, on espérait, qu’après cinq ans d’une politique d’austérité extrêmement dure, la situation se soit un peu stabilisée. Il n’en est rien.

Deux chiffres pour comprendre ce qui s’est passé dans ce pays de 11 millions d’habitants. En 5 ans, le PIB, le produit intérieur brut, qui mesure la totalité des richesses produites, a été réduit de 20%. C’est un choc d’une très très grande violence. Le chômage a explosé, frôlant les 30% de la population, une grande pauvreté s’est répendue comme une trainée de poudre.

La santé des habitants s’est dégradée. Pendant ce temps là, la trop fameuse dette grecque, celle qui a tout déclenchée, et qui a failli faire exploser la zone euro, atteint encore 172% du PIB. Ce fardeau rend quasi impossible tout rétablissement sans un nouveau plan d’aide international. C’est dire le climat électrique dans lequel se déroule cette élection présidentielle.

Les plans d’aides du FMI et de l’Europe à la Grèce n’ont rien changé ?

On ne peut nier que des décisions extrêmement courageuses ont été prises en Grèce, que des sacrifices considérables ont été consentis, qu’un début d’Etat commence à émerger. Mais cela ne suffit pas : le système bancaire reste très fragile, la Grèce détient encore le record mondial des créances douteuses. La Grèce a encore besoin d'être aidée. Mais pour débloquer une nouvelle tranche d’aide internationale de 7 milliards d’euros, le FMI et l’Union européenne réclament de nouvelles mesures de rigueur pour la période 2015 : le licenciement, encore, de 6.500 fonctionnaires, un gel des salaires, un durcissement des aides sociales.

De son côté, le gouvernement rechigne. On peut le comprendre, il voulait plutôt commencer à diminuer les impôts pour redonner un peu de pouvoir d’achat aux ménages. Mais des échéances courent, et le pays a besoin de liquidités. Bref, pour l’instant les négociations sont dans l’impasse et elle se prolongeront jusqu’en février.  

En cas de nouvelle crise, faut-il craindre une diffusion dans toute la zone euro ?

A priori, pas cette fois. En tout cas, les marchés n’y croient pas pour l’instant. Parce que beaucoup de choses ont changé depuis : la zone euro s’est protégée, elle a complété certaines de ses institutions, il y a désormais des pare-feux pour empêcher toute contagion. Même dans l’hypothèse du scénario noir d’un défaut grec sur sa dette ou une partie de sa dette. Leçon de cette crise: le cas grec va rester dans les manuels d’histoire comme l’exemple d’un concentré d’erreurs économiques. D'abord de la part des dirigeants grecs pendant plusieurs décennies. Mais aussi de l’union européenne et des institutions internationales. Du début jusqu’à la fin, de la gestion de la crise de la dette, jusqu’à cette politique d’austérité aussi inefficace qu’aveugle et dévastatrice. 

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