La France profite des atouts de Singapour
Oui, c’est important, pour plusieurs raisons. La première, c’est que le président de la République de Singapour est le représentant d’une cité-Etat à l’histoire économique fascinante. Quand la France noue des relations diplomatique avec Singapour il y a tout juste 50 ans, cette république n’est qu’un confetti dans l’Asie du Sud Est, une enclave, sans ressources, grande comme Paris et ses trois départements limitrophes, avec un port, quelques entrepôts et bâtiments administratifs hérités de la colonisation britannique tandis que sa population vit dans le dénuement le plus total. Un demi-siècle plus tard, Singapour est devenu avec ses cinq millions et demi d’habitants, l’un des pays les riches de la planète. Entre les deux, il y a une métamorphose, probablement la plus fulgurante de toute l’histoire économique. Un développement mené d’une poigne de fer, dans le cadre d’une démocratie autoritaire, qui a fait de Singapour la porte de l’Asie, le deuxième port du monde, derrière Shanghai, une place financière de poids dans la mondialisation, un haut lieu du capitalisme et du libre-échange, un paradis de millionnaires, enfin un laboratoire grandeur nature des technologies les plus sophistiquées.
Et la France profite aujourd’hui des atouts de Singapour ?
Oui, à plusieurs titres : Singapour est l’un des cinq pays seulement avec lesquels la France a un excédent commercial. La France a noué avec ce dragon de l’Asie une très forte coopération dans le domaine aéronautique, 600 filiales d’entreprises françaises dans les domaines les plus divers sont présentes, dans qui est aussi une sorte d’hypermarché pour toutes les élites d’Asie du Sud-Est d’abord. Il y a beaucoup argent à Singapour, en terme de pouvoir d’achat par habitant, l’archipel occupe la troisième place derrière le Luxembourg et le Qatar. Singapour est aussi un hub en matière de formation pour les cadres dirigeants asiatiques, deux de nos grandes écoles, l’Insead et l’Essec y ont ainsi installé des campus d’études.
Il y a aussi une tache noire, Singapour a aussi été montré du doigt comme paradis fiscal…
Singapour était, il n’y a pas si longtemps, classée 6ème sur la liste des paradis fiscaux internationaux. Il y a ici plus de 700 institutions financières. A la suite de nombreuses révélations, il y a eu une vraie pression internationale exercée ces dernières années par l’OCDE et le G8, Singapour qui est très soucieuse de sa réputation internationale a commencé à bouger, et à modifier sa législation afin de garantir l’échange automatique d’informations fiscales sur les non-résidents. Michel Sapin a fait d’ailleurs le déplacement l’an dernier pour signer une nouvelle convention fiscale franco-singapourienne qui prévoit un dispositif renforcé pour lutter contre la fraude. Pour toutes ces raisons, il est important d’entretenir des liens très étroits avec Singapour et son président aujourd’hui en visite d’Etat en France.
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