La France n’est plus le premier partenaire commercial de l’Allemagne
Ca y est, le cap est franchi. Cela veut dire concrètement que pour la première fois depuis 1975, l’Allemagne a exporté plus vers les Etats-Unis que vers la France.
Selon l'office allemand des statistiques, le volume cumulé d’exportations et importations entre Paris et Berlin a atteint l’année dernière 170 milliards d’euros contre 173 milliards entre Berlin et New York.
Des travaux menés par les économistes Patrick Artus (Natixis) et l’américain Andrew Rose (Université de Californie) montrent la lente dégradation du poids des exportations de l’Allemagne vers ses partenaires de la zone euro (40% aujourd’hui contre 60% lors de la création de l’Euro).
Ils montrent aussi que cela n’a rien à voir avec la croissance économique américaine : c’est plus d’ordre qualitatif que quantitatif (par exemple les Porsche et les Mercedes se vendent mieux outre-Atlantique qu'outre-Rhin).
Pourquoi cette modification du palmarès ?
La faiblesse de l'euro rend plus compétitives les exportations hors Europe.
Certains observateurs estiment qu'en faisant tourner sa planche à billet et en abreuvant l’Europe de liquidités dans le cadre de son plan de relance monétaire, la Banque Centrale Européenne a ficelé sur mesures un programme de relance pour l’Allemagne. "Tout bénef" pour Berlin en quelque sorte.
Le gouvernement français n’y voit qu’un effet ponctuel. Cela a-t-il une vraie signification économique ou est-ce plutôt d’ordre symbolique ?
La portée symbolique est évidente car il en va des relations du couple franco-allemand. Le terme de "premier partenaire commercial" a souvent servi à chanter les louanges des relations entre Paris et Berlin.
Sur le plan économique, cela montre que nous assistons à une destruction du commerce intra zone euro au profit du commerce avec le reste du monde.
Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) en sont une belle illustration. Ces groupes entretiennent un commerce extrêmement dynamique mais dans le sens Europe / USA... pas à l’intérieur de la zone euro.
Cette histoire a-t-elle une morale ?
C'est un signe d'échec de l’union monétaire qui avait été créée pour éviter les risques de changes et sécuriser les relations commerciales entre pays membres. Ce système est visiblement grippé : la croissance de l'Europe se fait ailleurs qu'entre ses murs.
Et l’Allemagne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin… elle mise sur le traité transatlantique pour renforcer son commerce hors Union européenne.
Un dernier exemple : les Etats-Unis ont dépassé la Chine en tant qu’acheteur de machines-outils allemandes… tout un symbole.
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