L'état de l'économie mondiale ? Trop de liquidités et de dettes
C’est le rapport qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui semble décalé. Publié dimanche, en plein Brexit, le rapport de la BRI, la Banque des règlements internationaux, la banque centrale des banques centrales à Bâle, esquisse l’avenir de l’économie mondiale. Et au moment où ces mêmes banques centrales sont prêtes à inonder le marché de liquidités pour soutenir la livre et les marchés financiers, ce qu’elle nous dit, cette BRI, c’est que justement ces politiques financières trop accommodantes ne sont bonnes ni pour la croissance, ni pour l’inflation qui ne repartent pas assez. La situation pourrait même être néfaste à terme pour les marchés financiers et l’économie. Ça ne pouvait pas plus mal tomber au moment où les places financières mondiales ont plongé et ont perdu vendredi quelques 2 000 milliards de dollars après le référendum au Royaume-Uni qui secoue l’économie du monde entier.
"L’économie mondiale ne se porte pas si mal "
Les analystes de la BRI considèrent que la reprise est là, ils constatent une décrue du chômage, et disent que l’économie ne va pas si mal. Pourtant aux Etats Unis, le moral des ménages est en recul, la consommation de biens aussi, les doutes sur le redémarrage de l’économie américaine sont bien réels. John Kerry était à Bruxelles lundi à la suite du Brexit parce que les entreprises américaines craignent pour leurs 500 milliards de dollars d’investissements outre-Manche. La Chine, empêtrée dans ses surcapacités et la réduction de sa demande intérieure, parle d’ombre sur l’économie mondiale. Selon l’OCDE, l’onde de choc du Brexit pourrait atteindre les émergents qui ont soutenu la croissance ces dernières années. Le commerce extérieur du Japon est dans le rouge. Le pétrole a plongé lundi. Bref, partout sauf à la BRI on parle de reprise poussive, au niveau des années 1990, et plombée par le Brexit. Mais pour la BRI, seule, l’envolée des dettes des Etats et les taux trop bas posent problème.
Les banques centrales trop seules
Dans ce rapport, qui s’intitule joliment "lorsque demain arrivera", la BRI ne fait pas que recommander de réduire l’endettement des Etats. Paradoxalement, elle les incite à investir dans les infrastructures, et à revoir les politiques publiques et les cadeaux fiscaux ainsi qu’à restructurer le secteur bancaire notamment en limitant la distribution de dividendes. Elle souligne que les banques centrales et leurs politiques d’injection de liquidités sont trop seules pour faire repartir la croissance et proches de l’essoufflement. C’est la BRI, qui est chargée d’accompagner les banques centrales pour assurer la stabilité financière, et c’est elle qui dans la crise de 2008 conseillait l’austérité... Avec les résultats que l’on sait. La poussière du Brexit sur une économie mondiale atone n’est pas encore retombée, aurait-elle aveuglé les analystes de la BRI ? Non, pas complètement, car, en raison d’une trop faible productivité, la banque doute aussi de l’amélioration des niveaux de vie et se montre malgré tout assez pessimiste pour l’avenir.
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