L'économie américaine a créé trois millions d'emplois en 2014
Même si ce matin, la presse américaine consacre ses gros titres à ce que le Wall Street Journal appelle « la plus grande manifestation du monde », je veux vous parler, Céline, de l’incroyable, de l’increvable job machine américaine. Un chiffre révélé vendredi a créé la surprise : l’économie américaine a créé près de trois millions d’emplois en 2014, du jamais depuis 15 ans. Le taux de chômage est de 5,6%, autant dire tout près du plein emploi. Vu d’ici bien évidemment ça fait rêver. Bien sûr tout n’est pas rose – des milliers de sans emplois sont sortis des statistiques, des millions de salariés subissent un temps partiel ou des emplois précaires – mais globalement, la capacité de rebond de l’Amérique reste stupéfiante : le pays dont est venu la crise violente qui a déstabilisé l’économie mondiale, ce pays est aujourd’hui redevenu la locomotive économique la plus flamboyante de la planète.
Économie = culture
L’économie, c’est d’abord de la culture : il y a chez nos amis américains un état d’esprit qui nous fait défaut : dès les premiers mois qui ont suivi l’éclatement de la crise de 2008, les Américains se sont mis à réinvestir avec cette foi dans l’avenir qui leur appartient, et cet investissement - qui est à l’arrêt en Europe - a produit là bas ses effets : les entreprises ont embauché à tour de bras, la machine est repartie, dopée aussi par une politique monétaire expansive et nulle part ailleurs aussi pragmatique. Les Etats-Unis demeurent en économie les champions des cycles courts : ils tombent mais se relèvent toujours aussi vite.
Il y a deux points noirs : les salaires ont diminué et les inégalités se sont accrues
Aux États-Unis, tout vaut mieux que le chômage et donc une certaine flexibilité des salaires fait aussi partie du contrat social : quand ça va mal, on accepte ici une certaine pression sur les salaires, et beaucoup d’Américains n’ont pas encore retrouvé leur pouvoir d’achat d’avant la crise. Il faut noter que ce sont d’abord des emplois de service qui ont été créés : services aux entreprises ou dans la restauration par exemple, autant de secteurs l’on est souvent mal payés et où les contrats sont précaires. L’autre point noir vous l’avez dit : les inégalités continuent de s’aggraver aux États-Unis : 1% des ménages détient 18% du revenu national, c’est énorme ET disent les économistes désormais quasi-unanimes, cela est préjudiciable à la bonne marche de l’économie. L’accaparation des richesses par un trop petit nombre finit par entraver à moyen terme l’activité et le développement d’un pays. L’énorme succès aux États-Unis du livre de Thomas Piketty sur les inégalités témoigne que ce débat là est bel et bien ouvert de l’autre côté de l’Atlantique. Bill Gates a même dit que "le Piketty" était son livre de chevet. Mais pendant le débat, l’économie continue et l’Amérique est bel et bien repartie.
Réaction sur Twitter @vincentgiret
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