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L'armée française mobilisée : comment financer son budget

Pour faire face aux menaces terroristes, les armées françaises sont mobilisées sur les fronts extérieurs mais aussi de plus en plus sur le front intérieur. Problème : ça coûte cher, très cher, et la France ne sait plus très bien comment financer son budget des armées
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Oui et l’affaire est même assez grave : si on regarde le tableau, on a un président dont la promesse de sanctuarisation du budget des armées n’est pas respectée, on a deux ministres qui s’écharpent au grand jour, celui des Finances, Michel Sapin et celui des Armées, Jean-Yves Le Drian, et on a surtout une menace de cessation de paiement du ministère de la défense dès cet été… ça fait franchement désordre, comme on dit dans l’armée.

Alors reprenons dans le détail. Sur le papier, l’armée française a plutôt fière allure : avec plus de 31 milliards de budget, elle occupe le 5ème rang mondial et la première place en Europe. Mais il y a au moins deux problèmes : 1 – On a découvert que ce budget n’était pas totalement financé, et qu’il manquait au final près de deux milliards et demi, ça fait beaucoup. 2 – Beaucoup de choses ont changé depuis les attentats terroristes de janvier dernier, l’armée est désormais fortement mise à contribution pour assurer la sécurité sur le territoire national. A tel point que si on additionne les demandes nouvelles des chefs militaires français, ce n’est plus 2,5 milliards et demi mais 8 milliards, comme le révélait Le Monde hier, qu’il faudrait trouver à terme pour financer la sécurité de la France tant à l’extérieur, qu’à l’intérieur de ses frontières. 

Alors comment financer ses surcoûts ? 

Le ministère de la Défense avait cru trouver une parade, assez miraculeuse à vrai dire, elle tient un peu du tour de passe-passe, jugez plutôt : le ministère de la défense a imaginé recourir à des sociétés de projets, des petites structures créées de toutes pièces, abondées par l’Agence des participations de l’Etat, qui en fait achèteraient le matériel militaire nécessaire pour le louer ensuite au ministère de la Défense. Ni vu, ni connu. Le président Hollande avait trouvé cette technique géniale et avait donné publiquement son accord pour la création dans les meilleurs délais de ces fameuses sociétés de projet.

Seulement, Bercy, et Michel Sapin, y sont opposées… 

Oui, avec trois arguments, il faut bien le dire, assez solides.

1 – Ce tour de passe-passe va quand même peser dans les comptes de la France, et au moment où le gouvernement négocie avec Bruxelles sa trajectoire de réduction des déficits publics, donc ça tombe très mal.

2 – La création de ces fameuses sociétés de projets couterait cher, même très cher, autour de 600 millions d’euros.

3 – Bercy mise sur la vente par l’Etat de fréquences hertziennes aux opérateurs de téléphonie mobile, avant même la fin de l’année, une vente qui pourrait rapporter autour de 2 milliards d’euros.

Ajoutez un surplus pris sur la vente des avions Rafales et vous n’êtes plus très loin du compte, au moins pour éviter la cessation de paiement du Ministère. A François Hollande d’arbitrer au plus vite, le président va recevoir ses deux ministres et  annoncer sa décision la semaine prochaine. Il y a urgence à trancher. Et delà, une urgence à repenser globalement le financement de nos armées : si ce budget militaire augmente, et cela paraît plutôt raisonnable dans le contexte actuel, alors il faudra faire d’autres arbitrages difficiles dans les dépenses publiques.

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