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L'argent de Daech

L’attaque terroriste contre Charlie Hebdo pose aussi des questions de plus en plus pressantes sur Daech, l’organisation de l’Etat Islamique : ce mouvement brasse désormais des centaines de millions : que sait-on de l’argent d’une organisation qui semble s’affirmer aussi comme une redoutable puissance financière ?
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

On s’interroge bien sûr, sur ce pseudo califat qui aimante les fils d’une jeunesse perdue, encadre les esprits, forme des commandos d’assassins professionnels, et vit aujourd’hui sur un trésor de guerre qui laisse penser que Daech s’est installé pour un certain instant. Daech, c’est aujourd’hui un territoire grand les Royaume-Uni, arraché à l’Irak et à la Syrie, fait de dunes de sables, de grandes étendues désertiques, mais aussi de villages, de grandes villes, comme Mossoul - qui était jusqu’à l’an dernier la deuxième plus grande ville d’Irak - de puits de pétrole et de centaine d’entreprises et même de quelques banques puissantes. Daech, c’est aujourd’hui l’organisation terroriste la plus riche de l’histoire. Dans une étude bien informée, publiée par notre confrère américain Newsweek, qui cite des responsables irakiens, on apprend ainsi que le budget de Daech dépasserait désormais les deux milliards de dollars, que l’organisation se serait même payée le luxe de dégager l’an passé, un petit excédent budgétaire de 250 millions de dollars.

De l'argent qui vient de collectes de fonds et de pillages

Cet argent, ce trésor de guerre, a été conquis en quelques mois, avec une méthode simple, le pillage systématique et expéditif : la banque centrale de Mossoul avait été dévalisée au printemps dernier, tout comme les quartiers généraux de l’armée irakienne dans cette province. Les militants de Daech sont ainsi parvenus à s’emparer de millions de dollars en liquide et d’équipements en tout genres. Ensuite un travail de collecte de fonds s’est organisé, de manière méthodique, reposant sur l’intimidation et la violence, selon les mots d’un homme du renseignement américain. Daech a mis en place un système de rakect, qui s’apparent à celui des organisations mafieuses, il alimente ses caisses de trafics multiples, comme la vente d’objets et de trésors antiques, vieux parfois de huit mille ans, volés à la Syrie et dont il aurait tiré cet été quelques 36 millions de dollars.

L’organisation de l’État islamique a aussi mis la main sur des puits de pétrole

Comme tout économie qui se respecte, Daech bâtit sa puissance financière sur des rentes colossales, le pétrole est aujourd’hui la principale source de revenus du mouvement terroriste. Les militants contrôlent une douzaine de champs de pétrole, ils l’exportent directement ou l’envoient dans de petites raffineries, avant de l’acheminer par d’anciens chemins de contrebande dans des pays voisins : là est vendu à bas prix au marché noir en Turquie, et en plus petites quantités, au régime syrien lui même. Rien ne se perd,, vous le voyez. Selon une source au Qatar, citée par le New York Times, Daech parviendrait à écouler jusqu’à 40.000 barils par jour, pour une somme qui dépasserait le million de dollars au marché noir. Et je ne vous ai parlé de l’argent des kidnapping, des trafics d’être humains ou même des riches et généreux donateurs de la région prêts à tout pour combattre les chiites irakiens. Daech sera donc d’autant plus difficile à combattre qu’il ne dispose pas seulement d’une redoutable puissance de feu, d’une armée de jeunes fanatisés venus du monde entier et prêts à tout, mais aussi d’un colossal trésor de guerre.

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