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Alstom : l'Etat peut-il sauver le site de Belfort ?

Une réunion de crise a eu lieu à l'Elysée lundi 12 septembre, pour tenter de sauver le site historique qu’Alstom veut fermer à Belfort. Que peut faire l’Etat, concrètement ?

Article rédigé par franceinfo, Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'usine Alstom de Belfort en mai 2015, lors d'une visite du ministre de l'Economie d'alors, Emmanuel Macron. (FREDERICK FLORIN / AFP)

L'Elysée a convoqué lundi 12 septembre une réunion de crise sur Alstom, après l'annonce par le groupe de l'arrêt de la production de trains à Belfort. L’Etat est sommé de bouger. A huit mois de l’élection présidentielle, tous les candidats à la candidature ont donné de la voix ce week-end, de Nathalie Kosciusko-Morizet à Arnaud Montebourg. Tout le monde a mis la pression sur le gouvernement accusé de passivité, et de manque de fermeté vis à vis d’une entreprise, Alstom, que l’Etat, il est vrai, a beaucoup aidé au cours de son longue et tumultueuse histoire.

François Hollande a bien compris le risque politique, il garde en mémoire, la fermeture des hauts fourneaux d’Arcelor-Mittal à Florange, fermeture qui avait été vécue comme une "trahison" par les salariés. Le président a donc convoqué à l’Elysée ce lundi une réunion de la dernière chance, à laquelle sont conviés le Premier ministre, le ministre de l’Economie, celui de l’Industrie et celui des Transports.

Il s’agit de trouver dans l’urgence une solution pour un site historique de l’entreprise qui compte plus de 400 emplois. C’est Belfort qui avait accueilli les premiers sites de la filière ferroviaire dès la fin du XIXe siècle. C’est aujourd’hui le plus petit site d’Alstom, qui demeure d’un des principaux fabricants mondiaux d’infrastructures de transport ferroviaire, Alstom construit des trains, des locomotives, des tramways et tout un tas d’infrastructures. Le groupe compte 30 000 salariés.

Que savait l'Etat des difficultés du site de Belfort ?

En dépit des dénégations officielles, il ne fait aucun doute que l’Etat n’ignorait rien des difficultés structurelles de la filière ferroviaire. D’abord l’Etat siège au conseil d’administration d’Alstom depuis février et il contrôle 20% des droits de vote. Il a peut-être été surpris par l’annonce soudaine de la direction en cette rentrée, mais il savait que le sujet se posait depuis des mois. Il avait d’ailleurs était demandé à la direction d’Alstom de ne rien faire avant les élections régionales, élections qui ont eu lieu en décembre dernier. Cela ne date donc pas d’hier.

Le ministre des Transports, lui même, ne pouvaient pas non plus ignorer que le carnet de commande s’était dégarni, surtout après la choix fait par une filiale de la SNCF et de la Deutsche Bahn allemande, en faveur d’un conçurent germanique d’Alstom pour la construction de locomotives de fret.

Le site de Belfort était en sursis depuis longtemps, l’an dernier, la fédération des industriels ferroviaires avaient d’ailleurs alerté les pouvoirs publics sur les quelques 3 000 emplois directs menacés par la baisse des commandes. Cette affaire est donc tout sauf une surprise.

Quelle marge d'action pour l'Etat ?

De miracle, il n'y en aura pas ; des solutions de court terme, peut-être, plutôt des reclassements. Dans les faits, ni la SNCF, ni l’Etat n’ont les moyens de supporter une filière qui doit désormais trouver des contrats à l’étranger pour survivre. Même avec 20%, l’Etat n’est pas en situation de gestion et il ne ferait d’ailleurs pas mieux.

Mais en revanche, le manque d’anticipation apparaît quand même flagrant. Là, il y a une responsabilité collective, celle de l’entreprise d’abord, et celle de l’Etat ensuite. Quand l’affaire est traitée très en amont, on peut trouver des solutions : Michelin par exemple restructure régulièrement ses sites de productions industriels, en ferme même parfois, mais en anticipant et en négociant très en amont avec les partenaires sociaux. C’est comme ça qu’on peut trouver des solutions locales. L’enjeu, c’est désormais de tout faire pour que les 400 salariés concernés retrouvent un travail dans la région. C'est surtout du temps que l'Etat va essayer de négocier. 


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