Déclaration de politique générale : Gabriel Attal compte "désmicardiser" la France et alléger le coût du chômage
Lors de sa déclaration de politique générale de mardi 30 janvier, la formule choc du Premier ministre a été de "désmicardiser" l’économie. Prudent, Gabriel Attal s'est attaqué au thème du pouvoir d'achat en évitant de parler de baisse de prix : l’inflation ralentit mais le Premier ministre sait qu’elle restera élevée encore.
En ce moment, il n’y a jamais eu autant de travailleurs au Smic en France – plus de 3 millions. Ces actifs restent souvent coincés à ce niveau de salaire pendant des années, ce qui affecte la motivation au travail. En plus, comme le Smic est indexé sur l’inflation, tous ceux qui sont juste au-dessus, sont privés de ces coups de pouces et, à chaque rattrapage, ils sont en somme rétrogradés. Ce système tasse les salaires et nourrit donc le sentiment de déclassement.
"Réformer les bas salaires"
Gabriel Attal promet donc de prendre des mesures dans le prochain projet de loi de finances. Sans entrer dans les détails, il dit vouloir "réformer les bas salaires". En allégeant les charges sur les rémunérations qui sont justes au-dessus du smic, les employeurs pourront augmenter ces salaires à moindres frais. Selon l’exemple cité par Gabriel Attal, mardi, pour une augmentation de 100 euros, l’employeur doit payer 238 euros en plus, en cotisations chômage et retraite, et l’employé en question risque de perdre, à cause de cette augmentation, presque 40 euros de prime d’activité.
L’idée est donc de faire en sorte que le travail paie mieux. Avec ce type de mesures, Gabriel Attal vise la France des classes moyennes, "la France de l’entre-deux", celle qui se lève tôt et qui a l’impression que ça ne suffit plus pour vivre.
Faire retomber le coût du chômage sur les collectivités
Mais toujours dans son idée d’encourager le travail, il supprime l’allocation spécifique de solidarité, versée aux chômeurs en fin de droits. C’est une véritable surprise. Ces demandeurs d’emploi basculeront plus rapidement au RSA, au revenu de solidarité active. C'est une façon de les obliger à reprendre d’office une activité, puisque depuis la récente réforme, les bénéficiaires du RSA doivent effectuer au moins 15 heures de travail par semaine ou être en formation.
Les syndicats et les associations vont monter au créneau, mais pour Gabriel Attal, cette mesure permet pour lui d'alléger les dépenses de l'État. Cette allocation de fin de droits est versée par France Travail (anciennement Pôle emploi). Elle est donc financée par l’État, alors que demain, le coût retombera sur les départements : ce sont eux qui gèrent le RSA. Ils devront donc prendre en charge près de 300 000 personnes par an en moyenne, un tour de passe-passe financier utile quand il s'agit de réduire le déficit.
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