Déficit commercial : le seuil des 100 milliards d'euros sur 12 mois dépassé
Le trou du commerce extérieur s’est creusé de 31 milliards d’euros, soit deux fois plus qu’à la même époque l’an dernier. Le décryptage de Fanny Guinochet.
On a toujours importé plus qu’on exporte, mais là, on atteint des niveaux historiques dont on se serait bien passés. Selon les données des Douanes publiées lundi 9 mai, au 1er trimestre, le trou du commerce extérieur, c’est-à-dire la différence entre nos achats et nos ventes, s’est creusé de 31 milliards d’euros, soit deux fois plus qu’à la même époque l’an dernier. Ça tient en grande partie à la guerre en Ukraine qui fait flamber la facture énergétique, gaz et pétrole notamment.
Et de l’autre côté, on ne vend pas assez à l’étranger. Par exemple, pendant longtemps, notre force était de vendre des produits aéronautiques, des avions, mais avec un trafic aérien fragilisé par le Covid, la France a perdu un peu notre atout. Pareil pour les produits de luxe, on est leaders dans ce secteur mais comme la Chine est confinée, ces dernières semaines, on a moins vendu en Asie. Avec l’embargo, on n’échange plus ou presque avec la Russie, il y a des zones géographiques entières qui se ferment. Ça n’arrange pas nos affaires.
Les prix aussi ont augmenté
Le problème, c’est que la plupart des produits qu’on achète, les hydrocarbures, le pétrole, le gaz, l’électricité notamment, ont vu leur prix s’envoler. Leurs tarifs ont beaucoup plus augmenté que les biens qu’on vend : +5 % en moyenne contre 2% pour ce qu’on exporte. La France n'est pas seule dans ce cas, la zone euro a elle aussi, ces derniers mois, enregistré un déficit des échanges commerciaux avec le reste du monde.
Ce n'est pas simple pour changer la donne. Avant même la guerre en Ukraine, Bruno Le Maire le ministre de l’Economie disait que cette balance commerciale négative était une des principales – sinon la principale – faiblesse de notre économie. Pour inverser la tendance, il faudrait que ce que la France produit fasse la différence, ait une valeur ajoutée, soit plus compétitif. Ça passe notamment par une industrie beaucoup plus forte, des innovations, le retour d’usines sur notre territoire. Autant dire qu’il faudrait au minimum dix ans pour y arriver.
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