Davos : l'euro et le dollar au centre des discussions
A côté du terrorisme, bien évidemment, dans toutes les têtes, le grand sujet qui va agiter les dirigeants de la planète sera les affaires monétaires. Pas tant le boom du Franc suisse, dont je vous ai parlé la semaine dernière, encore que la bouteille de Dom Pérignon va finir dépasser les 340 euros, ça commence à faire cher, non, mais c’est d’abord l’euro qui sera en discussion. Tout simplement parce qu’on est à la veille d’une décision historique de la banque centrale européenne. C’est demain jeudi que l’institution de Francfort va briser un tabou considérable dans sa jeune histoire. Tout le monde l’attend, un peu comme le messie, à tel point que tout retour en arrière n’est tout simplement plus possible.
La banque va faire tourner la planche à billets
Il s’agit d’un plan de rachat massif des dettes publiques des Etats Européens. Dans les outils dont dispose une banque centrale, c’est une sorte de bombe nucléaire, une arme massive en tout cas. En clair, la banque va faire tourner la planche à billets, elle va émettre une somme colossale, on parle d’un minimum de 500 milliards d’euros, pour lancer ce qu’il faut bien appeler un début de mutualisation des dettes publiques européennes. Autant dire que ce n’est pas du tout conventionnel, c’est même à la limite de la légalité dans le cas de l’euro. Mais ce plan est devenu vital pour l’euro. Bien sûr, bien des questions restent ouvertes : le montant, le calendrier précis de l’opération, les dettes concernées, la réticence extrême des Allemands… Mais l’objectif lui est clair : tenir à distance le spectre de la déflation, le mot ou plutôt la réalité qui fait peur : c’est une sorte de maladie économique, une langueur persistante, dont on ne sait pas se guérir facilement et qui peut durer une décennie au moins. Bref, la déflation, c’est un danger mortel pour l’euro, le risque d’un éclatement de l’union monétaire. C’est pour cette raison que tout le monde attend maintenant que la Banque centrale, pardonnez moi l’expression, mette vraiment le paquet.
Les Américains ont déjà utilisé cette arme monétaire
Jusqu’à l’automne dernier, les Américains n’ont aucun tabou en la matière, et ça a plutôt bien marché : leur plan de rachat massif de dettes publiques a contribué à sortir l’Amérique de la crise, la croissance est repartie de plus belle, à presque 3%. A tel point que la banque centrale américaine est dans une situation totalement inverse à celle de l’euro : elle a annoncé depuis des semaines, un changement de sa politique et une remontée des taux d’intérêt, elle veut éviter un autre danger : quand vous injectez beaucoup d’argent comme elle l’a fait, il y a un risque de bulles, qui peuvent éclater, et donc de nouvelles crises. Les Etats-Unis et l’Europe sont donc à totalement à front renversés. Rarement le découplage entre les deux continents n’aura été si fort. Et cela aussi perturbe les grands patrons, présents à Davos. Ils doivent s’adapter eux aussi à cette nouvelle donne monétaire mondiale en gestation.
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