Crise énergétique : la France met le turbo sur le nucléaire
Face à la crise énergétique, l’Allemagne annonce qu’elle va prolonger deux centrales nucléaires. La France, elle, veut accélérer le chantier de nouveaux réacteurs nucléaires. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Le gouvernement français veut donner le premier coup de pioche de ses réacteurs pressurisés européens (EPR), ces réacteurs nouvelle génération avant mai 2027 pour une mise en service dès 2035 - 2036. Emmanuel Macron table sur six nouveaux réacteurs dans l’hexagone. Ils seront construits par paire et les sites sont déjà, en partie, connus. Les deux premiers EPR seront à Penly, en Seine-Maritime, la deuxième paire dans le Nord à Gravelines et, enfin, le lieu de la troisième construction en revanche n’est pas encore tranché entre la Vallée-du-Rhône, le Tricastin ou Bugey. Pour ne pas attendre, le gouvernement a ainsi déjà prévu un "projet de loi d’accélération" qui sera présenté le mois prochain en conseil des ministres par Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique
Le gouvernement peut déjà accélérer la construction de ces EPR en choisissant de les mettre à côté de centrales existantes - c’est le cas de tous les sites ci-dessus -, ce qui permet de profiter du réseau de raccordement, des lignes à hautes tension, des infrastructures déjà présents. Ensuite, le gouvernement compte gagner du temps sur les procédures, les obtentions de permis. Pour cela, dans le projet de loi, il va donner aux réacteurs le statut de "priorité politique absolue" en les qualifiant de "raisons d'intérêt public majeur".
EDF pas au mieux de sa forme
Ce qui devrait lui permettre d'échapper à certaines dispositions du code de l'Environnement. Bien entendu, pas question de brader la sécurité ou la protection de la biodiversité, assure le gouvernement : il s’agit de mener en parallèle, les demandes d’autorisation et les consultations habituelles, là, où, avant, il procédait étape par étape. Il va donc faire du "en même temps", un pari que dénoncent les ONG.
Il demeure que la ’réussite de ces EPR est un véritable enjeu, car EDF sera le maître d’ouvrage de tous ces chantiers. Or, aujourd’hui, la moitié des réacteurs nucléaires du groupe est à l’arrêt : 27 sur les 56. Ils sont indisponibles pour maintenance, ou pour des problèmes de corrosion. C’est d’ailleurs ce mauvais état de notre réseau que pointe du doigt l’Allemagne justement C’est ainsi que le ministre allemand de l’Économie justifie sa décision de laisser en marche cet hiver deux centrales nucléaires. Autrement dit, on maintient nos centrales parce qu’on ne peut pas compter sur notre voisin francais. La France, qui reste malgré ses problèmes, le premier exportateur d’électricité en Europe.
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