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Comment le gouvernement compte renforcer le contrôle des chômeurs

Muriel Pénicaud, réunit lundi 19 mars le patronat et les syndicats pour leur présenter le dernier volet de la réforme de l’assurance chômage. Avec au menu, la question du contrôle des chômeurs. A quoi faut il s’attendre ? Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet (L'Opinion)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un homme sort d'un bureau Pôle emploi à Nantes (Loire-Atlantique), le 15 janvier 2018. (LOIC VENANCE / AFP)

Le contrôle des chômeurs existe déjà mais Emmanuel Macron a promis de le renforcer. Et c’est ce qui va se passer, conformément à ce qu’il avait inscrit dans son programme. Pour y arriver, le nombre de contrôleurs de Pôle emploi va augmenter. On devrait passer de 215 "conseillers-contrôleurs" aujourd’hui à un peu moins de 1 000 d’ici deux ans. Rapporté aux 55 000 agents que compte Pôle emploi, ce qui ne signe pas la création de bataillons de contrôleurs.

Une évolution des critères de contrôle

Mais ce qui va surtout changer, c’est la façon selon laquelle les contrôles vont se dérouler. D’après nos informations, plutôt que de vous sanctionner si vous ratez la convocation Pôle emploi – c’est le principal motif de radiation des chômeurs aujourd’hui – on va prendre en compte désormais un "faisceau d’indices". Est-ce que le demandeur d’emploi envoie régulièrement des CV ? Est-ce qu’il est allé à des rendez-vous ? etc. Une expérimentation va être également lancée : les demandeurs d’emploi devront remplir tous les mois un carnet de bord et seront jugés sur l’ensemble de leurs démarches.

Une nouvelle définition des "offres raisonnables"

Le gouvernement va-t-il  garder le principe des "offres raisonnables" d’emploi ? Ce système qui oblige le chômeur à accepter une offre d’emploi au bout de deux propositions sous peine de sanction va être maintenu. Mais il sera affiné affiné. Aujourd’hui, grosso modo, il est assez uniforme : on prend en compte un périmètre géographique et un niveau de salaire. Cette fois, le gouvernement veut indivualiser les critères en intégrant les différences en fonction des demandeurs d’emploi. Par exemple, une femme peu qualifiée avec des enfants dans un village reculé aura plus de difficultés à retrouver un emploi qu’un cadre de la finance célibataire qui habite près de La Défense, à Paris. Au moment de l’inscription à Pôle emploi, il devrait donc y avoir une définition plus personnalisée de l’offre raisonnable d’emploi.

Une nouvelle grille de sanctions

En revanche, une fois ces difficultés prises en compte, pour ceux qui ne joueront pas le jeu, les "punitions" promettent d’être un peu plus dures. Muriel Pénicaud va présenter une nouvelle grille de sanctions. Celle en vigueur est disproportionnée. Une personne qui ne vient pas à un rendez-vous de Pôle emploi peut être radiée deux mois alors que si elle ne fait absolument rien pour chercher un emploi, c’est à peine deux semaines de radiation !

Le tableau promet d’être plus cohérent, plus juste. Cependant, avec plusieurs millions de chômeurs inscrits à Pôle emploi, est-ce que ces mesures sont réalistes ? C’est une vraie question que celle de leur application concrète. Est-ce que Pôle emploi va suivre et avoir les moyens d’individualiser les choses, alors que ses conseillers sont souvent débordés ? Ce n'’est pas sûr du tout.

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