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Ce double attentat de Bruxelles peut-il ébranler l’économie belge ?

Les deux attentats meurtriers ont frappé les deux centres névralgiques de la Belgique, et à l’évidence ils ont été conçus, planifiés et exécutés dans l'esprit d'ébranler l'économie du pays.
Article rédigé par Vincent Giret
Radio France
Publié Mis à jour
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L’aéroport international de Bruxelles accueille chaque jour 60.000 personnes venues du monde entier, c’est un hub stratégique pour toute l’Europe; quant au quartier européen de la capitale belge, il abrite non seulement les dizaines de milliers de fonctionnaires de l’Union européenne, mais aussi un nombre considérable de bureaux d’entreprises, de cabinets d’avocats, de boutiques plus ou moins grandes de lobbyistes et de communicants divers. Ces deux centres, sont les deux cœurs battants de ce pays fédéral d’un peu plus de onze millions d’habitants. Quand on regarde les classements internationaux,  la Belgique est aujourd’hui la 38ème puissance mondiale par la taille de son PIB, de son produit intérieur brut. Mais par sa situation, par son histoire, par son rôle politique, la Belgique occupe une place bien plus grande, spécifique et symbolique qui en fait un pays tout à fait à part qui dépasse, si je puis dire, sa seule géographie. 

Dans quel état se trouve l’économie de la Belgique aujourd’hui ?

Les Belges qui aiment les métaphores plus que n’importe quel autre peuple, aiment dire que leur pays est comme un iceberg, en haut, tout semble aller bien, et c’est en bas que sont les problèmes. En tout cas le tableau de bord de l’économie belge est plutôt bon : après une incroyable crise politique qui avait privé le pays de gouvernement fédéral effectif, faute de consensus politique, c’est un jeune premier ministre libéral, de 40 ans, Charles Michel qui a pris les rênes. C’est d’ailleurs le plus jeune premier ministre de l’histoire belge. Il a entrepris dans un tumulte certain des réformes courageuses pour redresser les comptes de son pays, avec notamment le report de l’âge de la retraite à 67 ans à partir de 2030. Ces efforts commencent à payer, le déficit public est retombé nettement sous la barre des 3% à 2,7 exactement, la croissance est repartie, elle pourrait être de 1,7% cette année et le chômage diminue, il devrait tourner autour de 8% cette année, à titre d’exemple c’est deux points et demi de moins que la France. Seul point noir, la dette qui demeure encore très élevée, à 106% du Pib.

Quel impact pourraient avoir ces attentats ?

Comme pour le cas de Paris, c’est le secteur du tourisme qui sera le premier touché. C’est un secteur important. Pour Bruxelles et la Flandre, c’est déjà plus de 230.000 emplois directs. On peut donc s’attendre à de très grosses difficultés dans ce secteur pendant au moins plusieurs mois, voire plusieurs années. Mais sur le fond, Nicolas, pour tous les pays frappés par le terrorisme, c’est la même histoire : l’essentiel se joue dans les têtes, dans la capacité à faire front, à vivre, à consommer, à investir, à se projeter dans l’avenir, comme avant le drame. Le comportement des acteurs en économie, c’est d’abord de la psychologie. Et face à la catastrophe du 11 septembre 2001, par exemple, on se souvient que le peuple américain avait fait preuve d’un sursaut incroyable, avec l’affirmation d’un patriotisme économique qui avait empêché le pays de sombrer tout de suite dans la crise. Toute proportion gardée, c’est à un défi humain, politique, et économique similaire auquel sont confrontés les Belges depuis hier, à leur tour et comme les Français depuis plusieurs mois.

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