Avis de tempête sur la Deutsche Bank
Juste un chiffre pour comprendre. Entre juillet et septembre, la banque a perdu plus de six milliards d’euros. En trois mois seulement. Son chiffre d’affaire est en baisse de 7 % sur un an. L’établissement est malade et a choisi l’amputation. La banque se retire de dix pays, supprime 26.000 postes sur deux ans, salariés et consultants extérieurs, c’est un quart de son effectif qui va disparaitre, elle va céder des actifs, elle ferme des agences, 200 en Allemagne, les bonus seront rabotés et les actionnaires ne toucheront plus de dividendes pendant deux ans, pour la première fois depuis l’après-guerre. L’objectif, c’est d’économiser près de quatre milliards d’euros sur les trois ans qui viennent. Ce régime ultra sec, c’est l’œuvre du britannique John Cryan, l’homme qui a guéri la banque suisse UBS. Les deux patrons allemands ont été remerciés en juin dernier. La cure est extrêmement sévère.
Dans le collimateur de la justice
Un peu comme Volkswagen, c’est la reine du tripatouillage. Elle fait partie des banques liées au scandale du Libor, et fait l’objet de 6.000 litiges. Le Libor, c’est le taux de l’argent que les banques se prêtent entre elles. Ça nous concerne directement puisque vos prêts immobiliers, vos crédits à la consommation, votre épargne, le prêt de votre entreprise sont indexés sur le Libor, ça représente 350 mille milliards d’euros. Il y a donc eu des courtiers qui ont tripatouillé les taux et pas vraiment de contrôle de la part de la banque. Du coup, elle doit faire face à une amende de deux milliards 250 mille euros, à payer aux américains. Cerise sur le gâteau, elle aussi est soupçonnée de blanchir de l’argent en Russie. Il y en aurait pour six milliards, des proches de Poutine sont concernés. Et pour couronner le tout, un des patrons allemands risque la prison dans une vieille affaire de faux témoignage. On comprend mieux la nécessité d’une restructuration. Il faut aussi payer les frais de justice.
Un monde bancaire en mutation
Ces scandales n’expliquent pas tout. Il y aussi les nouvelles normes, celles qu’on appelle Bâle III. Après la crise, il a été décidé que les banques devaient être plus solides et avoir davantage de fonds propres, d’argent dans leur poche. Aujourd’hui elles prêtent environ 20 fois plus qu’elles n’ont d’argent. Il y a aussi la question du rendement des produits financiers. Avec des taux proches de zéro, ça ne rapporte plus autant. Il y a enfin la transformation de la banque de détail qui avec l’internet n’a plus vraiment besoin d’agence. La société générale en ferme 400, le crédit agricole en supprime 50, la BNP en a supprimé quatorze à Paris. Bref, le milieu bancaire est en mutation depuis la crise, peut- être pas autant qu’il le faudrait car le "too big to fall", trop gros pour disparaitre, de l’époque Lehman Brother’s, ça n’est peut- être pas encore complètement derrière nous.
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