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Le débrief politique. Pour relancer sa campagne, Benoît Hamon réunit les "mousquetaires"

Fillon tente de passer entre les gouttes, l'UDI réfléchit, Hamon donne un coup d'accélérateur. Tout ce qu'il ne fallait pas rater de l'actualité politique du mardi 7 mars avec Yaël Goosz

Article rédigé par franceinfo, Yaël Goosz
Radio France
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Temps de lecture : 5min
Benoît Hamon, le 5 février 2017 à Paris (THOMAS SAMSON / AFP)

Fillon court toujours... le Canard aussi

En trois jours, François Fillon a retourné la situation à son avantage. La "guerre à trois" n'aura pas lieu. Nicolas Sarkozy souhaitait que se tienne une réunion au sommet mercredi 8 mars : un petit-déjeuner entre lui, François Fillon et Alain Juppé. Mais ce petit déjeuner n'aura pas lieu. Selon les informations recueillies par franceinfo, le maire de Bordeaux a décliné. Le dialogue n'est pas rompu. Il continuera de manière bilatérale : Sarkozy-Juppé et Sarkozy-Fillon. À l'ONU, on appelle cela un casque bleu.

François Fillon a sauvé sa campagne, mais pas encore son camp. Le plus dur reste à faire : reconstituer au plus vite une équipe, arriver à composter un ticket avec François Baroin, redonner des gages aux centristes pour élargir le socle qui résiste... et passer la tempête du 15 mars, jour de la convocation chez le juge.

Autre objectif depuis mardi pour François Fillon : espérer passer entre les gouttes des dernières révélations du Canard enchaîné. En 2013, l'ex-Premier ministre a obtenu un prêt de 50 000 euros, sans intérêts et non déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Cet argent a été obtenu auprès de l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, le propriétaire de La Revue des deux mondes. Les avocats de François Fillon répondent que l'argent a été intégralement remboursé... mais sans préciser quand.

L'UDI ne sait plus où donner de la tête

Le centre ne sait plus à quel saint se vouer. Une réunion de crise se tient dans la soirée de mardi au siège de l'UDI, à Paris. Trois options se présentent au parti. La première serait de remonter rapidement dans le bateau avec François Fillon, de prendre les places, les postes et les circonscriptions. La deuxième serait de fuir chez Emmanuel Macron : Jean-Louis Borloo ne le dit pas, mais plusieurs de ses proches y sont prêts.

Médiane, la troisième option serait de gagner du temps en prolongeant la suspension de la campagne jusqu'au 17 mars, date limite pour les parrainages des candidats : en résumé, ni soutien ni divorce. Selon les informations recueillies par franceinfo, c'est ce compromis-là qui devrait l'emporter.

Juppé, 242 parrainages pour rien

La clôture des parrainages aura lieu le 17 mars. En attendant le Conseil constitutionnel publie mardi son pointage, mis à jour à 17h sur son site internet. Cinq candidats ont dépassé la barre des 500 parrainages, la limite pour pouvoir se présenter. Fillon a obtenu 1 789 parrains et marraines, Emmanuel Macron en a obtenu 1 074, Benoît Hamon, 1 039, Nathalie Arthaud, 557, et Nicolas Dupont-Aignan, 559.

À noter qu'Alain Juppé, qui a jeté l'éponge lundi, a réussi à récolter 242 parrainages en trois jours : belle performance !

Hamon donne un coup d'accélérateur

Toujours quatrième dans les sondages, lâché ou presque par le président de l'Assemblée Claude Bartolone, plombé par des socialistes tentés par le vote utile Macron contre Le Pen, Benoît Hamon est plus que jamais à la recherche d'un second souffle. Pour donner un coup d'accélérateur et préparer l'offensive, les "mousquetaires" se réunissent mercredi avec le candidat. Les "mousquetaires", ce sont ces personnalités censées démultiplier la parole de Benoît Hamon : les anciens ministres Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, l'ex-candidat écolo Yannick Jadot, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, mais aussi Martine Aubry qui sera en "conf call" depuis Lille. 

Christiane Taubira est excusée en raison d'un déplacement en Tunisie, mais elle a déjà été briefée par le candidat. Benoît Hamon sera l'invité de "L'Émission politique" de France 2 jeudi, sa politique européenne et le nouveau traité budgétaire seront présentés vendredi, avant le chiffrage et le cadrage du projet la semaine prochaine.

"Aujourd'hui, Emmanuel Macron danse sur les affaires, estime un proche du Benoît Hamon. Il profite de la confusion, mais ça ne durera pas". Et de conclure : "Vivement les débats !"

Les notes du débrief

C'est un 14/20 pour le numéro de contorsion signé Thierry Solère. Et un 18/20 pour celui du député Georges Fenech, plus spectaculaire encore. Car la politique est parfois un grand cirque. À droite en ce moment, les vents contraires déboussolent et déconcertent. Les girouettes tournent à plein régime.

Tout en affirmant qu'il ne redeviendra pas le porte-parole de François Fillon, Thierry Solère a déclaré mardi soir sur franceinfo : "À la question 'Est-ce que voterai pour François Fillon', la réponse est oui. À la question 'Est-ce que le soutiendrai, la réponse est oui'." La performance de Georges Fenech est encore plus impressionnante : lui est passé par les cases Juppé et Baroin... avant d'acter que rien n'allait changer.

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