Le débrief politique. Marine Le Pen tente une marche arrière après ses propos sur le Vel d'Hiv
Réactions et justification après la polémique sur le Vel d'Hiv, les muscles de Macron et les tacles de Hamon... Tout ce qu'il ne fallait pas rater dans l'actualité politique de lundi 10 avril avec Yannick Falt.
Vel d'Hiv : Marine Le Pen écope
Marine le Pen est sous le feu des critiques après ses propos sur le Vel d'Hiv : "Je pense que la France n'est pas responsable du Vel d'Hiv", avait affirmé lundi la candidate FN, invitée du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. Pourtant, la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d'Hiv a été reconnue il y a 22 ans. En 1995, tout juste élu, Jacques Chirac parle de "ces heures noires" et de "la folie criminelle de l'occupant secondée par des Français et par l'état français", lors des commémorations de la rafle.
Résultat : la phrase de Marine Le Pen déclenche une avalanche de réactions. Pour Israël, ces propos sont "contraires à la vérité historique" et, pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), ils sont "révisionnistes".
#Communique - M. Le Pen - Vel d'Hiv : des propos révisionnistes qui dévoilent le véritable visage du Front National https://t.co/UbOV7guv0s pic.twitter.com/8d5ObDRHtP
— CRIF (@Le_CRIF) 10 avril 2017
La classe politique aussi réagit, notamment les autres candidats à la présidentielle comme Benoît Hamon : "On ne peut plus douter que Marine Le Pen est d'extrême-droite", dit le candidat du PS.
#veldhiv Madame Le Pen fait une faute politique et historique lourde. C’est le vrai visage de l'extrême-droite française, que je combats.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 10 avril 2017
Le #VeldHiv fut un crime de l’État français. Le FN est mal placé pour en parler, lui qui compte dans ses rangs des nostalgiques de Vichy. pic.twitter.com/dK42VviYDz
— François Fillon (@FrancoisFillon) 10 avril 2017
Tel père, telle fille : le FN c’est l’extrême droite, que plus personne n’en doute ! #veldhiv Mon nouvel article ➡️ https://t.co/Po8sys4SON
— Jean-François Copé (@jf_cope) 10 avril 2017
Et depuis, Marine Le Pen écope. Elle a envoyé un communiqué dès lundi pour tenter d'expliciter ses propos et elle s'est justifiée, ce mardi, invité du Talk du Figaro : "C'est complètement fou, dit la candidate, puisque je condamne évidemment absolument sans réserve le régime collaborationniste de Vichy" et ses "atrocités", affirmant que sa position, "au contraire, vise à ne lui donner aucune légitimité."
La candidate FN dénonce une instrumentalisation politique mais si elle multiplie les explications de texte depuis lundi, c'est que ce type de propos va à l'encontre de sa stratégie, la fameuse stratégie de dédiabolisation du FN. La voilà qui re-diabolise le parti qu'elle ne cesse de vouloir rendre respectable en le renvoyant à l'image de son père, Jean-Marie Le Pen, qui avait qualifié les chambres à gaz de "détail de l'Histoire". Difficile début de semaine pour Marine le Pen au moment où elle baisse dans les sondages.
Emmanuel Macron sort les muscles
Le candidat de En Marche se tasse, lui aussi, dans les enquêtes d'opinion et tente de muscler son jeu là où il est le moins solide selon ses adversaires : le régalien. Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse sur la lutte anti-terroriste avec, au premier rang, Jean Michel Fauvergue, l'ex patron du Raid, un député qui "n'aura rien à envier à Eric Ciotti", le "monsieur sécurité" de la droite, disait jeudi dernier Emmanuel Macron, dans L'Émission politique de France 2 alors qu'il présentait ses 14 premiers candidats aux législatives. Des propositions déroulées sept heures avant la conférence de presse de Marine Le Pen, sa principale concurrente selon les sondages.
Le ton est offensif quand il déclare inacceptable l'attitude des géants du web comme Google, Apple ou Twitter qui refusent de livrer leurs clés de chiffrement au nom de la protection des correspondances. Emmanuel Macron promet une initiative majeure dès l'été mais, s'il est élu, il se prépare un sacré tour de force. Le candidat a aussi réagi aux confidences de François Fillon ce lundi au Figaro, le candidat de la droite disposerait d'un sms dans lequel Emmanuel Macron se serait déclaré pour la déchéance de nationalité. "François Fillon a un probleme avec la vérité, affirme l'ancien ministre de l'Économie. Je n'ai jamais échangé sur ce sujet le moindre sms avec François Fillon. C'est une pratique bizarre à laquelle il se livre mais la perte de repères ne commence pas aujourd'hui."
Hamon en guerre contre "la petite musique"
Et pendant ce temps, le candidat du PS, qui décroche franchement dans les sondages, continue d'y croire. Lors d'une conférence de presse Benoît Hamon a détaillé les six premiers mois de son action présidentielle, ses mesures phares. Il promet, dès l'été, une loi sur la transparence de la vie publique, une autre sur la santé environnementale, des hausses du RSA, du Smic, des minimas sociaux, une taxe sur les superprofits des banques.
Avec un mitraillage en règle de ses adversaires. Scud pour les libéraux Fillon et Macron : "Choisissez aujourd'hui des programmes libéraux et bien vous aurez à la fin le Front national". Tacle à Jean-Luc Mélenchon : "Choisissez un programme qui peut vous conduire à sortir de l'Europe et posez-vous la question de savoir si vous serez bien protégés dans les frontières de l'hexagone ou pas". Benoît Hamon veut "rétablir la vérité des prix" et régler son compte à la "petite musique" médiatique qui occulterait les vrais sujets selon lui. Mais n'a-t-il pas des doutes, lui que les sondages donnent cinquième sous la barre des 10% ? "Je suis fait d'un bois... non d'une pierre. Je viens d'une terre granitique, moi. On y fait de très jolis menhirs", répond le candidat. Quand la situation est désespérée, une seul méthode, de breton, pour se relancer : cogner.
Benoit Hamon décidément très en verve, affirme qu'"il y a quelque chose de pourri à la tête du Medef" en réaction aux propos de Pierre Gattaz ce lundi. Le Président de l'organisation patronale a affirmé que "voter Mélenchon, le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir, désolation et pauvreté généralisée".
Parfaite égalité de temps, pas de style
Coup d'envoi, ce lundi, de la campagne officielle. Deux semaines avant le premier tour, il y aura une égalité stricte du temps de parole pour les favoris comme les "petits" candidats. Par exemple, les clips officiels de campagne diffusés par France Télévisions répondent à des règles très strictes établies par le CSA et rassemblées dans un document très détaillé de sept pages. On y découvre notamment une règle qui date de 1988 et qui interdit d’utiliser des images montrant des drapeaux tricolores ou d’utiliser l’hymne national ou l’hymne européen.
Si les règles sont strictes, les styles sont très différents selon les candidats en fonction des moyens financiers. Chez Jean Lassalle, Jacques Cheminade ou Nathalie Arthaud on joue la sobriété : face caméra sur un fond uni et sans musique pour dérouler leur programme. Chez les "gros" candidats, c'est plus original avec des images d’illustration souvent en musique comme pour Benoît Hamon qui a choisi un morceau intitulé Le Grand choral, écrit à l’origine pour La Nuit américaine de François Truffaut.
Découvrez notre clip officiel de campagne.
— Benoît Hamon (@benoithamon) 10 avril 2017
Un grand merci à Valérie Donzelli de l'avoir réalisé ⬇️#JeVotePour pic.twitter.com/iMxKgQdoYE
Et puis, le plus original ou décalé, c’est Philippe Poutou qui propose une parodie de l’émission On n’est pas couché où il avait été moqué, certains disent méprisé, par l’animateur et ses chroniqueurs : le candidat du NPA rejoue la scène dans un clip intitulé “On n’est pas touché”. Philippe Poutou qui bénéficie ce lundi soir du soutien d'Olivier Besancenot. Il tient avec son prédécesseur un meeting commun à Bagneux, en région parisienne.
La note du débrief : 6/20 pour François Fillon
La note des versions contradictoires pour François Fillon qui a commencé à rémunérer sa femme Pénélope... dès 1982. Cette information de Meadiapart a été confirmée à franceinfo. La justice cherche désormais à vérifier si l'emploi était réel ou fictif sur cette période comme sur les autres. 6 sur 20 donc, pour le candidat qui a évoqué trois dates d'embauche de sa femme jusque-là, 1997, 1988 puis 1986 mais jamais 1982.
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