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Kery James et "Nous, princesses de Clèves" : nos conseils pour se cultiver pendant le confinement

Musique, théâtre, cinéma, et bien d’autres engagements citoyens au service des “banlieusards”, l'oeuvre de Kery James est protéiforme. Notre autre conseil culture du jour est un documentaire sur l'enclavement culturel.

Article rédigé par franceinfo, Yann Bertrand, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Kery James, de rappeur à touche-à-tout. (LP/OLIVIER LEJEUNE / MAXPPP)

A 42 ans, la force de sa voix n’a pas baissé, que ce soit pour jouer sur scène sa pièce de théâtre, A Vif, créée en 2017 au théâtre du Rond-Point à Paris et mise en ligne gratuitement ces derniers jours, ou dans son film, Banlieusards, qu’il a eu du mal à financer en France, et que Netflix a donc soutenu et hébergé.

Kery James, du gamin débarqué de Martinique à Orly, au rappeur puissant et respecté, n’a jamais cessé de défendre les droits et l’existence de ces fameux "banlieusards" qu’il célèbre dans son titre le plus connu, sorti en 2008. Alix Mathurin, tout à la fois grand frère, lettré, conscient, et combattant, Kery James, force d’engagement, au côté de la famille d’Adama Traoré, mort après son interpellation par les gendarmes en 2016 ou quand il chante, sur son dernier album, le combat d’Amal Bentounsi contre les violences policières, elle qui a perdu son frère Amine, tué d’une balle dans le dos après une course poursuite.

Il y a toujours quelque chose à prendre dans les textes de Kery James, conscience d’un rap engagé, parfois solitaire, pas toujours mis en avant même s’il remplissait encore l’AccorHotels Arena il y a quelques mois. Kery James, artiste et banlieusard, sans que l’un ne soit plus important que l’autre.

L'enclavement culturel hors confinement dans "Nous, princesses de Clèves"

Le conseil film du jour est un documentaire, Nous, princesses de Clèves, de Régis Sauder, film de 2011 qui relate une expérience menée dans des quartiers dits "difficiles" de Marseille, pour lutter contre l'enclavement culturel. C'est cette fracture culturelle qu'ausculte Régis Sauder, dans un lycée des quartiers Nord de Marseille, où une professeur de français a fait le pari d'intéresser ses élèves à une oeuvre qu'un ancien président de la République avait cru bon de dénigrer sans finesse.

La princesse de Clèves, de Madame de La Fayette en 1678, marque un tournant dans la littérature. Les passions amoureuses à la cour d'Henri II sont traitées avec une modernité inédite, la place des femmes, l'analyse psychologique des personnages, peuvent intéresser les adolescents de ce lycée. En s'appropriant une langue réputée précieuse, ces filles et ces garçons en proie aux tourments de leur âge projettent dans le texte leurs émois, leur vécu. Le réalisateur recueille les confidences d'adolescents enfermés dans un espace géographique et symbolique, entre discrimination et culture familiale.

Point d'orgue de ce parcours initiatique libérateur, un voyage à Paris, au musée du Louvre, où la classe découvre les portraits des protagonistes de La princesse de Clèves.

La mise en scène de Régis Sauder implique les lycéens et dans un genre, le documentaire sur la banlieue, qui se perd trop souvent dans les clichés et le pathos, il assume la place qu'il prend dans son sujet et on partage son empathie sur un constat très actuel : l'art n'abolie pas les difficultés, mais il ouvre une fenêtre vers un ailleurs.

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