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Beastie Boys Story et "Paris sur l'avenir" : nos conseils pour se cultiver pendant le confinement

C'est un groupe qui a marqué l’histoire, dont la carrière a été coupée net avec la mort d’un de ses fondateurs il y a huit ans : "The Beastie Boys Story", un documentaire intéressant à de multiples égards. Notre deuxième conseil culture du jour est un roman sur fond de catastrophe, "Paris sur l'avenir". 

Article rédigé par franceinfo, Yann Bertrand, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Adam Yauch (MCA), Michael Diamond (Mike-D) et Adam Horowitz (Ad-Rock), alias les Beastie Boys. (RON WOLFSON / MAXPPP)

C’est une histoire américaine, ou plutôt une histoire new-yorkaise : trois sales gosses qui gravitent dans la sphère punk avant d’être repérés par l’entourage de Run DMC alors que le hip-hop envahit la ville, au début des années 1980. Les Beastie Boys, un succès mondial, phénoménal, célébré aujourd’hui par un documentaire à la forme originale, distribué par le géant Apple sur sa plateforme Apple TV+ à partir de vendredi 24 avril.

Deux heures racontées face au public sur la scène du Kings Theater de Brooklyn par les deux survivants du groupe, Michael Diamond alias Mike-D, et Adam Horowitz, Ad-Rock. Un récit en contrôle, prolongement d’un livre sorti l’année dernière. Et un spectacle à l’américaine avec le prompteur visible, les vannes attendues mais drôles quand même, le tout mis en scène par le réalisateur et ami du groupe, Spike Jonze.

Groupe à part, les Beastie Boys, c'est du punk, du rock, du hip-hop. Une histoire de hauts et de bas, huit albums, des débuts stratosphériques, encensés, puis une réinvention passant par les tréfonds des ventes, enfin un statut de légendes de la musique acquis depuis. Mais l'histoire des Beastie Boys connaît un arrêt brutal en 2012 avec la disparition d'Adam Yauch, fondateur et pierre angulaire du groupe, celui qui avait toutes les idées, qui donnait la direction. Sa disparition des suites d'un cancer a provoqué la mort du groupe et beaucoup de larmes.

Le plus émouvant dans ce documentaire c’est donc cela : l’amitié, et le manque. Les deux survivants racontent l’histoire des Beastie Boys comme celle de trois meilleurs amis ayant un jour décidé de ne plus jamais se quitter. La célébration de leur héritage passe donc avant tout par l’humain.

"Paris sur l'avenir" (2015), Nathaniel Rich

En 2001, année des attentats du 11-Septembre, Nathaniel Rich avait 20 ans et vivait à New York. Il s'est ensuite installée à la Nouvelle-Orléans encore meurtrie par l'ouragan Katrina. Journaliste au New York Times, il entend parler de sociétés financières qui vendent des assurances contre les pires catastrophes imaginables. Convaincu que le commerce de la peur est un filon inépuisable aux États-Unis, il écrit un roman d'anticipation, qui, aujourd'hui prend une portée singulière.

Mitchell Zukor est un jeune et brillant mathématicien au service d'une compagnie de réassurance au nom inquiétant de "Future world", il modélise des scénarios nourris de sa paranoïa et de son hypocondrie : attentats, catastrophes naturelles, pandémies, accidents nucléaires. Solitaire, il vit effrayé dans ses angoisses, quand le pire finit par arriver : un ouragan interminable engloutit New York sous les eaux.

L'écrivain américain Nathaniel Rich, à Paris, le 21 septembre 2015.  (JOEL SAGET / AFP)

Visions apocalyptiques de la ville verticale submergée, silencieuse, déambulations en canoë à la recherche de nourriture dans un climat de Madmax aquatique, Mitchell Zukor est finalement soulagé par l'avènement de ce qu'il redoutait tant. Paradoxe cynique du paranoïaque, qui gagne en maturité quand advient ce qu'il avait prédit. Alors que l'information hystérique circule en boucle sur les chaînes de télévision, cet anti-héros, prophète ou Cassandre, s'autorise dans ce chaos une histoire d'amour et prend la tangente. Il quitte New York pour un improbable retour à la terre, en mode minimaliste.

Si Nathaniel Rich interroge la fragilité des mégapoles modernes, l'absurdité de l'accélération du temps, il reste cependant lucide sur les utopies écologistes, la vie en communauté, qui ne résistent pas à la confrontation au réel. Son roman est une fascinante plongée dans ce que la peur représente dans la culture américaine et dans la notre aussi, forcément. En cette période de pré-déconfinement, où foisonnent les débats sur l'après pandémie, entre décroissance et crainte d'une amnésie collective, la lecture du dénouement de Paris sur l'avenir est une passionnante matière à réflexion pour notre époque.

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