Peintures : les plus 'vertes' et les plus chères ne sont pas forcément les meilleures
Les beaux jours sont là, et vous voulez peut-être en profiter pour repeindre votre salon, votre chambre à coucher ? Rien de plus facile, mais il y a deux trois choses à connaître avant de vous lancer. Sylvie Metzelard, rédactrice en chef du magazine 60 millions de consommateurs a testé plusieurs types de peinture. Des peintures blanches à l'eau, des peintures mates, des peintures satinées.
franceinfo : Beaucoup de marques vantent aujourd'hui des produits écolos, voire bios. Est-ce que c'est réellement le cas ?
Sylvie Metzelard : Ça dépend ce qu'on entend par bio, écolo, vert, tous ces mots, tous ces qualificatifs, si c'est pour dire qu'une peinture que vous achetez est avec des composants végétaux à 100%, c'est non, ça n'existe pas ce type de peinture. 100% ce n'est pas possible.
Alors, une peinture biosourcée, c'est justement une peinture qui introduit du végétal dans sa composition, ce qui permet de diminuer la part de pétrochimie, donc ça, c'est très bien. Ça peut être des algues, des huiles transformées, de l'amidon, par exemple. Ça va entrer dans la composition de la résine, de la peinture surtout, mais ça peut être une partie infime de la composition, et pourtant, ce sera indiqué en très gros sur votre pot.
Autre appellation encore plus étrange peut-être, des peintures dites dépolluantes ?
Une peinture dépolluante est censée assainir l'air intérieur, en détruisant certains composés organiques volatils. Et c'est ce qu'on appelle les fameux COV. Alors pourquoi pas, mais notre test montre aussi qu'elles peuvent émettre d'autres polluants, donc, l'un dans l'autre, c'est pas terrible.
Globalement, est-ce qu'on peut se fier réellement à ce qui est inscrit sur ces étiquettes ?
Non, puisque par exemple, les COV qui sont inscrits sur ces étiquettes se limitent à ce qui est mesuré dans le pot. Cela ne dit pas ce que la peinture va émettre une fois appliquée sur vos murs, à court, comme à moyen terme. En fait, l'étiquette ne renseigne pas vraiment les consommateurs. C'est pour ça qu'on fait des tests tels que celui qu'on a publié, justement pour essayer d'aiguiller les gens vers ce qui est le moins polluant.
Quelles sont les substances dont il faut vraiment se méfier, et quel danger pour la santé ?
Alors, il y a les aldéhydes, et tout particulièrement le formaldéhyde, qui est potentiellement cancérogène, les phtalates et les solvants, qui sont toujours dans la peinture. Il y a aussi des conservateurs. Et au final, les risques avec les peintures, ce sont des affections respiratoires, des troubles cardiaques, des irritations, des allergies. Enfin, le tableau n'est pas très sympathique.
Dans les rayons des magasins, on trouve des peintures mates, des peintures satinées. Est-ce qu'il y a une différence de composition entre les deux ?
Oui, parce que ce sont des peintures qui n'ont pas le même rendu et pour cela, elles n'ont pas la même composition, bien sûr. Les satinés, par exemple, utilisent plus de solvants que les mates, alors les mates, du coup, affichent de meilleurs résultats en matière de COV, donc c'est un peu moins polluant. En plus, elles sont moins chères. Avant ces peintures-là, on les réservait exclusivement pour les plafonds. Ce n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui.
Il y a des labels qui existent sur toutes ces peintures. Est-ce que ces labels sont fiables ?
Alors malheureusement, on ne peut être sûr de rien en matière de pollution à l'arrivée. Certaines peintures non labellisées, font mieux que des labellisées. Et en matière de performances d'ailleurs, c'est exactement la même chose. Il n'y a aucune certitude de rien.
Vous avez testé également le rendement des peintures qu'on trouve dans les magasins de bricolage. Là encore, est-ce qu'il faut se fier à ce qui est écrit sur les pots de peinture ?
Ben, pas trop quand même. Parce qu'il y a un problème au niveau des rendements. Alors sur les peintures mates notamment, les rendements sont bien meilleurs que ceux annoncés. Jusqu'à 62% quand même, c'est pas rien.
Alors concrètement, vous pouvez peindre une surface plus importante que ce qui est écrit sur le pot. Alors énoncé comme cela, ça semble une bonne nouvelle. Sauf que le consommateur, du coup, risque de gâcher. Par ailleurs, les peintures dites mono-couche, donc une seule couche à appliquer, n'ont pas toujours le meilleur pouvoir masquant que les autres. Donc on risque de devoir passer deux couches.
Pour terminer la question rituelle : est-ce que le produit le plus cher est le meilleur en matière de peintures ?
Évidemment non. Les plus chers ne sont pas forcément les meilleurs. Les références qui arrivent en tête de notre classement, que ce soit pour les peintures mates comme les peintures satinées d'ailleurs, comptent parmi les moins chères.
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