franceinfo conso. Boissons d'été : trop de sucres et attention au faux "naturel"
Les terrasses ont rouvert, il fait beau et chaud presque partout aujourd'hui, on a envie de boire un soda, un thé glacé, ou aromatisé, avec plein de sucre ou détox, que trouve-t-on vraiment dans ces boissons rafraîchissantes ? C'est la question que s'est posé le magazine "60 Millions de consommateurs".
Trop de sucre dans nos boissons rafraîchissantes ? À l'heure d'une météo clémente et du retour du soleil presque partout, c'est la question que s'est posé 60 Millions de consommateurs du mois de juin, avec l'enquête de Patricia Chairopoulos. Le magazine a testé 40 boissons avec des experts.
franceinfo : Ces boissons, c'est avant tout de l'eau et du sucre (peut être même un peu trop)
Patricia Chairopoulos : Il faut savoir que quasiment la moitié des achats de boissons concerne les colas, sodas, thés glacés, eaux aromatisées et autres limonades. Oui, c’est principalement de l’eau, mais aussi du sucre en quantités souvent bien plus importantes que l’on ne pense. De quoi alerter les experts en nutrition et en santé publique, qui mettent en avant depuis des années la responsabilité de ces boissons dans l’augmentation de l’obésité, notamment infantile. L’une des raisons tient au fait que les sucres des boissons sont très rapidement digérés et d’autre part, s’ajoutent insidieusement aux calories de celles des repas.
Les choses se sont quand même un peu améliorées depuis 3 ans et l'entrée de la "taxe soda" sur les boissons trop sucrées ?
Entrée en vigueur en 2018, la "taxe soda" a fait baisser les teneurs en sucres d’un certain nombre de boissons, mais souvent en quantités insignifiantes ou bien en étant compensées par l’ajout d’édulcorants de synthèse comme l’aspartame. Voire, comme le fait une grande marque de soda, en réduisant la taille des bouteilles de leur soda sans en modifier ainsi le prix... ni la teneur en sucres !
Ce qui est aussi monté en puissance ces dernières années, c'est aussi l'aspect santé. Des boissons saines, bio, detox ! C'est devenu l'argument commercial massue ?
Cet aspect santé concerne presque toutes les catégories de denrées alimentaires, et bien entendu, les boissons rafraîchissantes n’y échappent pas. C’est d’ailleurs un peu paradoxal, mais les fabricants ont adapté leurs recettes et leur discours marketing ! Avec cette tendance, les boissons à base de thé et les eaux aromatisées, supposées plus saines, ont le vent en poupe. Il y a également les nouvelles "boissons gazeuses alcoolisées" qui revendiquent leur naturalité, et leurs moindres quantités de sucres.
Entrons un peu plus dans le détail. Vous testez par exemple les eaux aromatisées, au citron. C'est de l'eau et du citron...
Ce serait trop simple ! Dans notre étude, sur les 14 eaux aromatisées au citron que nous avons évaluées, plus de la moitié n’ont pas d’extrait d’agrume et le remplacent par des arômes. Sinon, moins d’un tiers possèdent un Nutri-Score B, garant d’une qualité nutritionnelle correcte ; celles-ci ne contiennent aucun sucre.
D’autres sont en deçà de 5 grammes par verre de 20 cl (soit moins moins d’un morceau de sucre n°4), ce qui est encore acceptable. À l’inverse, une référence contient plus de 15 g par verre, ce qui se rapproche fortement des teneurs maximales observées dans les infusions et les thés glacés.
Et on remarque qu'il n'y a aucune corrélation entre le prix et la qualité...
Comme souvent, d’ailleurs. La première eau aromatisée de notre classement, une marque nationale, affiche 0,75 euros le litre, tandis que l’une des dernières, également une référence phare de cette famille de boissons, coûte deux fois plus cher. Cela étant, le prix reflète aussi la qualité des matières premières, à savoir ici la présence ou non de citron. Plus de la moitié des eaux ne contiennent pas d’extrait d’agrume et le remplacent par des arômes, certes bien moins coûteux. Cela dépend donc si l’on mise sur la qualité nutritionnelle ou bien sur celle de la composition.
Les thés glacés sont encore plus sucrés !
C’est d’ailleurs la catégorie la plus sucrée de notre essai, et à ce titre, seuls deux références sur 14 obtiennent un Nutri-Score B, la plupart étant D, voire E, c’est-à-dire des boissons déconseillées ou bien à consommer de façon exceptionnelle et en petites quantités.
Ainsi, le dernier du classement apporte 17 grammes de sucre dans un seul verre de 20 cl, soit un tiers de la limite recommandée sur une journée. Et même les "meilleurs" contiennent tout de même 9 g de sucre par verre, soit l’équivalent de 1,5 morceau de sucre environ.
Les taux de sucres de toutes ces boissons ont pu baisser grâce aux édulcorants, des alternatives au sucre. C'est vraiment mieux ?
Notamment sous l’effet de la taxe soda, et bien entendu, pour pouvoir se positionner comme des boissons plus saines et afficher un meilleur Nutri-Score, certaines d’entre elles, en particulier les thés glacés, contiennent des édulcorants, glycosides de stéviol, acésulfame K, sucralose... Les études sont nombreuses sur leurs risques potentiels comme la perturbation du microbiote intestinal ou une augmentation du risque d’obésité ; pour l’instant, les scientifiques ne disposent pas d’un niveau de preuves suffisantes pour dire si les édulcorants, quels qu’ils soient, ont ou pas des effets positifs ou négatifs chez l’homme.
Mais au vu des doutes qui planent sur ces composés, l’Agence nationale de l’alimentation considère que les boissons édulcorées ne doivent pas être une alternative aux boissons sucrées. En revanche, on a une certitude : ils entretiennent l’appétence pour le goût sucré.
Il y a un nouveau genre de boissons que vous voyez arriver des États-Unis et qui ont tout pour devenir le tube de l'été... Les hard seltzers, des sodas alcoolisés qui souvent misent sur le côté frais et sain... Mais c'est bien de l'alcool !
Sans aucun doute, puisqu’une boisson de ce type contient en moyenne entre 4 et 6° d’alcool. Il provient de la fermentation de sucres, grâce à des levures diluées dans de l’eau, de la même façon qu’une recette de bière. D’ailleurs, le titrage en alcool est similaire à celui d’une bière blonde. Attention au discours marketing très étudié, qui met en avant la naturalité (arômes naturels, label bio...) alors qu’il s’agit surtout d’une boisson apportant de l’alcool.
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