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Céréales, mueslis, gâteaux, biscuits : les moins sucrés et les plus riches en fibres

"Petit-dĂ©j’ et goĂ»ter : mieux vaut opter pour les mueslis", c'est le rĂ©sultat de l'essai comparatif publiĂ© en ce mois d'octobre par le magazine "60 Millions de consommateurs". Nous consommons trop de sucre, et cette enquĂŞte illustre bien cettte tendance très française. DĂ©cryptage avec Patricia Chairopoulos. 

Article rédigé par Catherine Pottier, Ersin Leibowitch
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les industriels le savent bien : les Français consomment beaucoup trop de sucre. Et leurs produits ne les aident pas selon cette nouvelle enquête du magazine "60 Millions de consommateurs" à en absorber moins... (Illustration) (JEAN-MARC LOOS / MAXPPP)

Patricia Chairopoulos, cheffe de rubrique alimentation et environnement au magazine 60 Millions de consommateurs nous éclaire aujourd'hui sur consommation de sucre lors de nos petits déjeuners et goûters. Elle a réalisé un essai comparatif, et le résultat, c'est que les Français mangent trop de sucre...

franceinfo : Pour votre enquête vous avez évalué une cinquantaine de produits et la plupart contiennent beaucoup trop de sucre  

Patricia Chairopoulos : Oui, comme d’autres produits industriels d’ailleurs. Les sucres sont présents dans 80% des aliments préemballés, sucrés et salés, et on les repère dans les listes d’ingrédients sous le nom de saccharose, bien-sûr, mais aussi de glucose, fructose, sirop de glucose-fructose, etc …        

Et le problème c’est que les français aiment le sucre, on en consomme beaucoup trop apparemment ?

Selon l’Agence nationale de sécurité alimentaire, les Français en consommeraient en moyenne plus de 100 grammes ; or l’Organisation mondiale de la santé recommande un maximum de 50 grammes de sucres par jour. Il s’agit des sucres libres, ceux que l’on trouve dans les jus de fruits ainsi que tous les sucres ajoutés.

Le risque d’un excès est de favoriser la prise de poids, les caries, certaines maladies métaboliques comme le diabète de type 2, sans compter la fatigue liée à des variations trop importantes de la glycémie, c’est-à-dire le niveau de glucose dans le sang.  

Mais quand on dit que le sucre donne de l’énergie, c’est faux ?  

Oui et non, ça dépend de quels types de sucres on parle. Certes, manger une barre chocolatée sucrée donne un coup de fouet, mais cela ne dure pas, et on risque même ensuite d’avoir un coup de pompe. En revanche, les glucides que l’on trouve sous la forme d’amidon dans les céréales complètes et les légumineuses notamment, sont intéressantes car elles fournissent de l’énergie de bonne qualité à l’organisme, et sur le long cours.   

Quels types de produits avez-vous analysés et sur quels critères ?

Nous avons analysé une cinquantaine de produits, pour moitié les produits de petit déjeuner comme les céréales et les mueslis, et pour une autre moitié les produits du goûter : des biscuits et gâteaux au chocolat et aux fruits comme les roulés à la fraise.  

Et quels sont les résultats, est-ce qu’on a suffisamment d’informations sur les emballages ?  

Bien que les fabricants aient l’obligation d’indiquer certaines valeurs nutritionnelles (calories, lipides, glucides, sucres...) sur les emballages, elles sont insuffisantes. Car il manque un critère clé : la charge glycémique. Cette valeur prend en compte l’index glycémique de l’aliment et sa teneur en glucides. Plus elle est élevée (au-delà de 20), plus la portion ingérée provoque une élévation rapide du taux de glucose dans le sang (la glycémie), et moins l’aliment sera intéressant pour la ligne et la santé.

En effet, les pics de glycémie favorisent le stockage des sucres sous forme de graisses et par ailleurs, augmentent le risque de développer un diabète de type 2. Sans compter que la fluctuation de la glycémie au cours de la journée peut favoriser le stress et la fatigue.  

Bon pour le petit dej, il y a la traditionnelle bataille entre les céréales et les mueslis. Quels sont les résultats de votre enquête ?  

Les résultats sont clairs : côté céréales, les charges glycémiques s’avèrent globalement très élevées. Pires encore sont leurs teneurs en sucres : à raison de 16 grammes en moyenne, un bol de céréales apporte à lui seul un tiers des apports recommandés par l’OMS (50 grammes/jour). Ajoutez au fil de la journée un gâteau et une boisson sucrée, et vous êtes hors des clous.

Le matin, mieux vaut donc miser sur les mueslis. Forte d’une charge glycémique inférieure à 20, une petite moitié de notre échantillon s’avère intéressante pour la santé. Un petit bémol, toutefois : exceptées deux références, on a affaire à des produits sucrés, surtout les recettes "croustillantes". Mais un autre atout des mueslis réside dans leurs teneurs en fibres, essentielles pour un bon transit alimentaire, la prévention de certains cancers, ainsi que la régulation de la glycémie et du cholestérol.

L’objectif est d’atteindre 30 grammes par jour, selon les autorités sanitaires. Sept de nos mueslis (plus de 6 g de fibres) constituent une bonne source. Rien à voir avec la plupart des céréales et leurs piètres apports.

Pas trop de sel ? Parce qu’on sait que les fabricants ont tendance à en rajouter partout ?

Sur ce critère, tous les produits du petit déjeuner sont bons, en contenant moins de 0,5 grammes par bol.  

Et pour le goûter ?  

Les résultats sont moins bons, et encore plus sur les sucres. En queue de peloton, on trouve sans surprise les plus sucrés, sachant que les gâteaux et biscuits contiennent en moyenne plus de 14 grammes par portion (environ 50 grammes, soit deux biscuits) soit 30% de nos besoins quotidiens en sucres ! Sur ce critère, la famille des gâteaux offre le meilleur (moelleux de Gerblé - 6,5 g/portion) comme le pire (Doodingues à la fraise de Casino -23 g/portion). Ils peuvent être aussi salés et pour certains, trop riches en acides gras saturés.

Mais quand on lit votre enquête, il y a vraiment des produits à éviter, d’autant que beaucoup contiennent des additifs ? 

D’après les notes globales de notre classement, certains produits sont vraiment à éviter. Côté additifs, les gâteaux sont les champions, avec un record de neuf additifs pour une référence. Il s’agit principalement d’émulsifiants et de poudres à lever, mais aussi d’épaississants, de gélifiants et autres correcteurs d’acidité. 

Ça veut dire qu’il y a de grandes disparités entre les produits que vous avez testés ?

Oui, même si dans la catégorie goûter, aucun produit ne sort vraiment du lot.  Nos notes vont de 13/20 pour les meilleurs à 5/20 pour un gâteau aux pépites de chocolat. 

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