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Appareils auditifs : les conseils et les prix font le grand écart

La surdité, même légère, a des conséquences importantes pour la santé générale. Le gouvernement veut donc mieux rembourser les appareils auditifs.

Article rédigé par Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les problèmes auditifs concernent de nombreuses personnes. La question d''un appareillage peut se poser même pour des adultes jeunes. (Illustration) (MALTE MUELLER / FSTOP / GETTY IMAGES)

Les appareillages pour les personnes qui rencontrent des problèmes auditifs, jeunes et moins jeunes, pourraient bientôt être mieux remboursés. Mais attention, il y a quelques conseils utiles à suivre. Adélaïde Robert, du magazine 60 Millions de consommateurssigne une grande enquête ce mois-ci sur les appareils auditifs. Selon une étude récente de l’INSERM, 1 français sur 4 est touché par une déficience auditive, à l’âge adulte. 

franceinfo : Lorsqu’on a du mal à entendre, cela peut entraîner plein d’autres problèmes ? 

Adélaïde Robert : Oui, la surdité crée un isolement social et a surtout des répercussions cognitives. Cela fait partie de différents facteurs de risque, associés à la démence. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics ont jugé utile de mieux rembourser les aides auditives, afin d’inciter les personnes à s’appareiller, et à s’appareiller plus tôt.
 
La bonne nouvelle, c’est que l’on est de mieux en mieux équipé. C’est dû au 100% santé ?

Oui, le 100% santé qui permet de s’appareiller sans reste à charge, a été un levier extrêmement important : le taux d’appareillage qui a suivi la réforme a atteint un niveau inespéré, au point même de laisser suspecter un sur-appareillage et des fraudes.
 
Mais est-ce qu’on est bien conseillé et bien orienté ? Comment avez-vous fonctionné pour votre enquête ?

Notre enquête s’est intéressée à la première étape : celle du devis. On a envoyé 19 enquêteurs "mystère", atteints de presbyacousie, demander des devis dans 8 enseignes ou réseaux d’audioprothésistes indépendants. Et on a regardé d’une part comment se déroulait cet entretien, quels tests complémentaires étaient effectués, quelles informations étaient délivrées, et si les devis étaient réglementaires, et en particulier s’il comprenait bien systématiquement une offre 100% santé (sans reste à charge).
 
Et quels sont les résultats ?
 
Pour ce qui est des devis, ils comprenaient pratiquement tous une offre 100% santé (sauf dans 7 cas). Mais le devis était la plupart du temps incomplet, et n’utilisait pas toujours le modèle normalisé. Les restes à charge ne sont pas toujours indiqués clairement, on n’a pas toujours le coût des consommables, le détail du dépôt de garantie, parfois l’assurance est comprise, d’autres fois non. Et il manquait pratiquement systématiquement la fiche technique. Résultat : c’est compliqué de comparer ensuite les offres entre elles pour un consommateur.
 
Mais quand on va chez un ORL, on sort avec une ordonnance, mais après il faut trouver le bon appareillage, ça demande d’autres tests. Est-ce qu’ils sont toujours effectués ?

Effectivement, quand on arrive chez l’audioprothésiste, on est muni de l’ordonnance de l’ORL et d’une copie des examens réalisés avec lui. Mais normalement l’audioprothésiste doit effectuer d’autres tests pour affiner le choix de l’appareillage. Or, ils n’ont été faits que dans 42 cas sur 69.

Et au niveau des prix, il y a de grandes disparités ?  

Oui, il y a des écarts importants sur le reste à charge, et la qualité des prothèses proposées. Pour le consommateur, le plus visible c’est la différence de prix. Un enquêteur a été orienté par exemple vers un appareil de classe 2 par un audioprothésiste, alors que deux autres ont jugé qu’un appareil sans reste à charge lui suffisait. Quant aux autres, il pouvait y avoir plusieurs centaines d’euros de différence d’un devis à l’autre.

Et le prix d’une même prothèse peut varier d’une enseigne à une autre ?

Oui, on a par exemple eu le cas d’une paire d’audioprothèses vendues 3800 euros chez un audioprothésiste, et 4590 euros chez un autre. Mais il faut comprendre qu’en réalité on ne paye pas la prothèse, mais la prothèse et le service qui va avec, pendant 4 ans de suivi et de réglage, c’est important à comprendre.
 
Vous dites aussi qu’il y un souvent un grand flou sur le reste à charge et que certains audio-prothésistes ont un peu tendance à dénigrer les appareils de classe 1, ceux qui sont concernés par le 100% santé ?

Oui, nos enquêteurs ont parfois eu le sentiment que la classe 1 était présentée comme un appareillage bas de gamme. Or, il faut comprendre que les appareils de classe 1 et 2 répondent à des besoins différents, et que suivant les besoins, un appareil de classe 1 peut être aussi performant qu’un appareil de classe 2.

Il y a une grande différence entre les appareils de classes 1 et de classe 2 ?

Il y a des différences. Celle que beaucoup de gens retiennent c’est que les appareils de classe 1 sont sur pile et les classes 2 sur chargeur. Mais compte tenu de la différence de coût, on peut difficilement retenir ça comme différence principale. En fait, il y a surtout beaucoup plus de canaux de réglages sur les classes 2, ce qui leur permet de répondre aux besoins des personnes atteintes de déficits auditifs complexes. Et ils peuvent bénéficier de plus d’options.
 
Est-ce qu’on a droit à une période d’essai avant d’acheter un appareil auditif ?

Oui, et elle est obligatoire. Elle est d’au minimum 30 jours, et peut s’étendre éventuellement à 40 jours. Elle correspond à la période de réglage. Il faut plusieurs visites avant de réussir à régler parfaitement un appareil. Pendant cette période, l’appareil vous est prêté et vous n’êtes pas engagé à l’acheter.

Il faut au moins une visite tous les 6 mois pour le suivi de la correction auditive, est-ce que ce suivi est compris dans le prix de l’appareil ?

Oui, ce suivi est compris, et il serait donc dommage de s’en priver. Si les patients n’y sont pas incités, il faut qu’ils aient le réflexe d’aller le demander. Cela permet de vérifier les réglages, nettoyer l’appareil, cela améliore la durée de vie et montre aussi que vous vous en préoccupez, ce qui peut être important s’il arrive quelque chose à l’appareil pour faire jouer l’assurance.
 
A l’issue de votre enquête, quelles sont les qualités d’un bon audioprothésiste ?
 
Il faut déjà un audioprothésiste correctement identifié et diplômé. Surtout, souvent présent en magasin, pour vous assurer un bon suivi. Un audioprothésiste qui fait des tests avant de vous conseiller un appareil, et parle avec vous pour bien comprendre vos besoins.

Un audioprothésiste qui vous explique bien tout : les caractéristiques de l’appareil, comment la phase d’essai se déroule, le prix des accessoires, des consommables, de l’assurance etc. Et un audioprothésiste qui ne prend pas votre chèque sans vous fixer déjà un rendez-vous de suivi. 

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