Sommet européen de Grenade : L’adhésion des Balkans au menu des discussions ?
Un sommet de la Communauté politique européenne réunit, jeudi 5 octobre, à Grenade, en Espagne, près de 50 dirigeants européens et de pays voisins comme l’Ukraine, le Royaume-Uni, la Suisse et les Balkans. La Turquie et l'Azerbaïdjan seront absents. La question de l’élargissement de l’Union devrait occuper une partie des discussions, mais le sommet pourrait bien être plombé par les conflits. Plusieurs pays sont candidats à l’entrée dans l’Union européenne, dont six pays des Balkans occidentaux, qui ont le soutien de l'Autriche.
Dans les Balkans, les tensions entre le Kosovo et la Serbie posent problème
La Serbie a déposé sa candidature à l’Union européenne il y a 14 ans, et c’est en 2012 qu’elle a été officiellement reconnue candidate. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la question même de son futur européen est remise en cause : la Serbie est l’un des seuls pays d’Europe à être resté proche de Moscou et à poursuivre une politique ambiguë à l’égard du Kremlin. Des récents sondages ont indiqué qu’une majorité de Serbes étaient aujourd’hui opposés à l’intégration à l’UE.
Pour le Kosovo, la perspective européenne est encore bien lointaine. Le pays est le dernier né en Europe puisqu’il a déclaré son indépendance en 2008 à la suite de la guerre qui l’a opposé à la Serbie. Et même s’il a déposé officiellement sa candidature à l’UE l’an dernier, l’indépendance de ce petit territoire de moins de deux millions d’habitants n’est toujours pas reconnue par cinq pays membres de l’Union, dont l’Espagne et la Grèce. La jeune société kosovare est très largement proeuropéenne.
Il reste de toute façon un obstacle majeur à une éventuelle adhésion de ces deux pays. La Serbie doit normaliser ses relations avec le Kosovo, son ancienne province du sud, dont elle ne reconnaît toujours pas l’indépendance. Et pour espérer devenir un jour membre à part entière de l’Union européenne, le Kosovo doit faire reconnaître sa souveraineté par la Serbie. Un objectif qui paraît presque irréalisable, tant les relations actuelles sont tendues et les positions des deux pays complètement antagonistes. Des affrontements meurtriers sont survenus dans le nord du Kosovo il y a dix jours, la Serbie pourrait même se voir imposer des sanctions par les Européens, si son implication est démontrée.
L’Autriche soutient depuis longtemps déjà l’adhésion des Balkans
L’Autriche a des liens historiques, culturels et économiques forts avec l’Europe du Sud-Est. Pour ne donner qu’un exemple : plus de 500 000 Autrichiens ont des racines dans cette partie de l’Europe, selon le ministère des affaires étrangères. C’est pourquoi l’adhésion des six pays de cette zone qui ne sont pas encore membres de l’Union européenne est l’une des priorités de la politique étrangère autrichienne. On parle ici de l’Albanie, la Bosnie Herzégovine, le Kosovo, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Serbie.
L’Autriche pousse depuis longtemps déjà pour un élargissement de l’Union européenne à ces pays et le fait de manière continue. Ce que l’Autriche aimerait et ce qu’elle entend défendre au niveau européen, c’est une intégration progressive de ces pays. Concrètement, il s’agirait de renforcer dès à présent la coopération dans certains domaines, par exemple la coopération douanière pour faciliter davantage les échanges.
En revanche, l'Autriche l’a répété à plusieurs reprises : le pays n’est pas favorable à une "procédure accélérée" en faveur de l’Ukraine. Vienne estime que cela ne serait pas juste pour les Balkans occidentaux, des pays déjà candidats à une adhésion, qui attendent depuis parfois très longtemps.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.