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Quelle gestion du Covid dans les écoles en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique et en Tunisie ?

Dans le Club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se fait ou se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, direction l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique et la Tunisie où la gestion de la crise sanitaire en milieu scolaire est loin d'être évidente.

Article rédigé par franceinfo - Bruce de Galzain, Pierre Bénazet, Maurine Mercier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Une écolière se désinfecte les mains au gel hydroalcoolique, le 20 octobre 2020, à Milan, en Italie. (MARCO PASSARO / MAXPPP)

Protocole sanitaire renforcé, masques obligatoires pour tous, réduction des jours de présence en classe... La prise en charge des élèves en période de pandémie de coronavirus reste un cassez-tête pour de nombreux pays. Si certains, comme en  France, ont décidé de continuer d'accueillir tous les élèves en classe jusqu'au lycée, ailleurs des mesures plus ou moins drastiques ont été mises en place.

En Italie, une gestion régionale qui ne fait pas consensus

Difficile d'y voir clair sur la gestion du Covid en Italie. Même si le gouvernement central a donné des directives aux régions qui ont la main et qui gèrent l'école, elles sont fonction du risque encouru dans chaque région. Les risques sont ainsi classés en trois couleurs : jaune, orange et rouge. Depuis la semaine dernière, tous les élèves de plus de 13/14 ans, c'est à dire un peu avant le lycée si l'on compare à la France, sont à la maison en cours à distance. Mais dans certaines écoles, cette classe d'âge n'a même jamais repris depuis le mois de mars dernier. Pour les autres élèves, cela dépend donc de la zone où ils se trouvent. S'ils sont en zone rouge, il n'y pas plus école en présence dès le collège. Tout se fait donc - pour ceux qui peuvent - sur internet.

Mais certaines régions ont fait un tout autre choix. C'est le cas par exemple dans les Pouilles où le président de la région a décidé de tout fermer. Sauf que le gouvernement a fait un recours devant le tribunal qui a ordonné de rouvrir hier. Mais des familles inquiètes n'ont pas renvoyé leurs enfants à l'école. En tout cas, au primaire, un tiers des enfants sont restés chez eux. En Campanie aussi, le président a décidé de tout fermer mais là le tribunal lui a donné raison. On assiste en fait en Italie à une vraie bataille entre ceux qui estiment désormais que l'école doit être sanctuarisée, ce qui n'était pas du tout le cas lors du confinement, et d'autres qui estiment nécessaire de les fermer pour éviter les contagions.

Aux Pays-Bas, les écoles ouvertes de la maternelle à l'université

Le Pays-Bas ont pris la décision de maintenir toutes les écoles ouvertes, de la maternelle à l'université. Pour le moment, les autorités bataves se sont contentées de rajouter des mesures d'hygiène, de sécurité sanitaire, de renforcement des gestes barrières et de la distanciation. Il est par exemple demandé aux parents qui le peuvent de faire en sorte que les enfants rentrent déjeuner à la maison, les cours de sport doivent se tenir de préférence à l'extérieur et le plan de rénovation de la ventilation des établissements scolaires a été accéléré, avec 360 millions d'euros d'ores et déjà sur la table pour les 11% d'écoles qui ne satisfont pas aux normes Covid d'aération des locaux. Le port du masque quant à lui n'est que fortement conseillé à partir du secondaire seulement, des les couloirs, pas dans les classes, à part celles de l'enseignement technique, plus précisément dans les classes où la distanciation d'un mètre et demi entre chaque élève n'est pas possible, et à partir de l'université les étudiants ont, en alternance, des cours en présence physique et en virtuel.

Ces décisions ont été prises par le gouvernement néerlandais après un débat interne qui n'est en réalité pas terminé. Et il pourrait avoir un coût politique. Certains affirment même que la survie du gouvernement pourrait être menacée. Il y a d'un côté le Premier ministre, Mark Rutte, qui soutient les options des ministres chargés de la santé publique, mais de l'autre côté, une demie douzaine d'autres ministres sont opposés à un nouveau tour de vis. Pour l'instant en tout cas, le RIVM, l'agence chargée de la santé publique aux Pays-Bas, estime qu'une fermeture des écoles aurait peu d'effet sur le virus.

En Belgique, écoles fermées et vacances scolaires prolongées

Si l'option d'ouverture des écoles l'a emporté au Pays-Bas, ce n'est pas du tout le choix qu'a fait le voisin belge. La Belgique considère en effet que les écoles constituent bel et bien un foyer de contaminations. Du coup, depuis le 28 novembre les élèves du secondaire ne vont plus à l'école. Ils ont d'abord eu trois jours d'enseignement virtuel, puis ont embrayé sur les vacances de la Toussaint, et au lieu d'une semaine comme d'habitude, les vacances ont été prolongées pour tous jusqu'au 15 novembre. A partir de la troisième, les cours ne reprendront qu'à 50% en présentiel.

Comme aux Pays-Bas, ces mesures suscitent des dissensions politiques. Le Premier ministre fédéral Alexander de Croo, en place depuis début octobre, voulait éviter reconfinement et fermeture des écoles. Mais finalement ce sont les gouvernements régionaux, Wallonie et Flandre qui ont réussi à peser pour des mesures beaucoup plus strictes qui ont finalement dû être harmonisées au niveau national.      

En Tunisie, l'école un jour sur deux dans le public

Quel impact le virus a-t-il de l'autre côté de la Méditerranée sur les élèves ? Direction la Tunisie, où le virus se propage à toute vitesse. Plus de lits de réanimation disponibles. La situation est très critique. Les autorités ont décrété un couvre-feu, mais difficile d'aller plus loin, même s'il le faudrait selon les spécialistes. Difficile parce que la crise économique est telle qu'un nouveau confinement est tout simplement impossible. Du coup, pour barrer la route au virus, c'est le système éducatif qui subit les mesures les plus drastiques. Les écoliers tunisiens ne vont à l'école qu'un jour sur deux, afin d'éviter autant que possible les classes surchargées et respecter la distanciation sociale. "Les enfants doivent nettoyer eux-mêmes leur table et leur chaise", raconte une parent d'élève. Les caisses de l'Etat sont vides au point que le désinfectant notamment est à la charge des parents.

Au printemps, lors de la première vague, les écoles avaient été totalement fermées de mars à juin et l'impact sur l’éducation énorme. Un trimestre entier de perdu. Et ici, impossible d'imaginer des cours à distance. La plupart des élèves n'ont pas d'ordinateur à la maison, ou pas de connexion internet, tout simplement. Aujourd'hui, ils ne vont donc à l'école qu'un jour sur deux. Le ministère de l'Education n'a pas eu d'autre choix que d'alléger le programme. A l'heure actuelle, les élèves tentent toujours de rattraper la matière qu'ils auraient dû absorber au printemps dernier. "Dans les faits, nos enfants vont perdre une année d'enseignement", résume une maman. C'est un système à deux vitesses. Les écoles privées, elles, dispensent des cours à leurs élèves quotidiennement. Alors que coté public, énormément d'enfants sont privés d'école et s'ennuient dans la rue.

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