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Où en est la recherche d'un vaccin contre le coronavirus en Chine, aux Etats-Unis et en Russie ?

Dans Le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir tout ce qui se fait ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, nous faisons un point sur la recherche d'un vaccin contre le coronavirus en Chine, aux Etats-Unis et en Russie.

Article rédigé par franceinfo - Stéphane Pambrun, Loig Loury et Claude Bruillot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Une volontaire reçoit un vaccin test contre le coronavirus à Hollywood, en Floride, en août 2020. (CHANDAN KHANNA / AFP)

Les enjeux sanitaires et financiers sont colossaux : quel pays développera et produira massivement le premier vaccin contre le Covid-19 ? Franceinfo s'arrête aujourd'hui en Chine, aux États-Unis et en Russie.

En Chine, berceau de l'épidémie, la recherche à toute vitesse et sous pression

La Chine veut évidemment prendre tout le monde de court. L’enjeu est important : faire oublier les scandales autour des premiers mois de l’épidémie à Wuhan. Tous les laboratoires chinois qu’ils soient publics, privés ou militaires sont mobilisés avec des moyens exceptionnels. Sur les 23 vaccins testés actuellement sur des humains, 13 sont des vaccins chinois. Parmi les recherches les plus avancées : celles de l'Académie militaire des sciences. Le projet est très médiatisé avec à sa tête la générale Chen Wei, qui pose en treillis devant les caméras. "Nous avons des dizaines d’années d’expérience ce n’est pas la première fois que nous réalisons ce genre de mission, explique-t-elle. Malgré la pression, nous sommes très déterminés, nous allons y arriver." 

Mais ces recherches suscitent des questions sur les méthodes utilisées par la Chine : le pays a déjà vacciné des milliers de personnes, soit pour accélérer les tests, soit pas excès de confiance. L'armée a même donné son feu vert dès le 25 juin à une utilisation du vaccin sur les militaires. Ce qui implique peut-être une campagne massive de vaccination au sein de l'armée. Le personnel diplomatique et des employés des grands groupes chinois à l’étranger ont aussi été vaccinés avant de reprendre leur poste. Pour aller plus vite, la Chine autorise des procédures accélérées, mais il lui faudra convaincre de la qualité des doses produites car le secteur a été ébranlé par plusieurs scandales de vaccins défectueux ces dernières années.

Aux États-Unis, des moyens colossaux pour aboutir avant la présidentielle

C'est une promesse du président américain depuis des mois : Donald Trump espère un vaccin d'ici le mois de novembre et l'élection présidentielle. Son administration a investi 11 milliards de dollars dans plusieurs projets de vaccins pour financer la recherche, pour acheter des centaines de millions de doses, mais aussi les flacons et seringues qui vont avec. Récemment les choses se sont encore accélérées. Les autorités sanitaires demandent "urgemment" à ce que chaque Etat américain se prépare à organiser la vaccination de millions de personnes en commençant par les soignants ou les personnes fragiles. Le tout d’ici le 1er novembre, soit deux jours avant la présidentielle. 

La Maison Blanche a beau se défendre de toute pression, pour Donald Trump l'arrivée d’un vaccin avant la présidentielle serait une bénédiction. Un tel remède est donc devenu un objet politique. Les adversaires du président américain l'accusent d'instrumentalisation. Le week-end du 5 septembre par exemple, Kamala Harris, colistière de son adversaire démocrate Joe Biden, affirmait qu’elle ne croirait pas Donald Trump sur parole quant à la sécurité et l’efficacité d’un vaccin aussi précoce. 

En Russie, la conquête très médiatique d'un vaccin

Depuis un mois, le Kremlin, à grand renfort de communication, essaie de faire vivre la fabrication du vaccin Spoutnik V, présenté le 11 août par Moscou comme le premier au monde efficace contre le coronavirus. Après le président russe Vladimir Poutine, qui avait mis en avant l’une de ses filles volontaire pour recevoir ce vaccin, c'est au tour du ministre de la Défense de s'investir dans cette entreprise de communication. Sergueï Choïgou est apparu en boucle sur les chaînes de télévision en tenue militaire, manche droite relevée et en train de recevoir sa première piqûre. Même exemplarité avec Sergueï Sobianine, le maire de Moscou, qui a déclaré que pour pouvoir demander aux habitants de la capitale d’aller se faire vacciner, il fallait d’abord l’être soi-même. 

Mais la communauté internationale doute de l'efficacité de ce vaccin. Selon une publication de la revue britannique The Lancet, deux études conduites sur seulement 76 adultes n'ont montré aucun effets indésirables graves du vaccin. Autre conclusion : tous les participants ont produit des anticorps neutralisants. Mais les autorités scientifiques russes elles-mêmes reconnaissent que le gros point d’interrogation reste l’efficacité de Spoutnik V sur les personnes de plus de 60 ans, considérées comme potentiellement les plus vulnérable. Elles espèrent fournir des garanties dans ce domaine à l’issue du stade 3 des tests qui va durer au moins tout le mois de septembre.

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