Le club des correspondants du mercredi 10 novembre 2021
Dans le club des correspondants, franceinfo passe les frontières pour voir ce qui se passe ailleurs dans le monde. Aujourd'hui, la question du logement en Autriche et en Suède.
Alors que se tient mercredi 10 novembre une manifestation à l’initiative d'élus franciliens issus de la gauche devant le ministère du Logement à Paris pour demander la construction de logement sociaux, à Vienne, la ville autrichienne affiche une politique modèle.
Vienne fait figure de modèle
Les logements sociaux sont une vieille histoire à Vienne. Elle remonte à 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Cette année-là, les sociaux-démocrates arrivent au pouvoir à Vienne et ils lancent un vaste programme de construction de logements à destination des classes populaires. Plus de 60 000 seront ainsi construits entre 1919 et 1934. Une politique qui se poursuivra au fil des ans, jusqu’à nos jours. Vienne compte aujourd’hui 220 000 logements communaux, c’est-à-dire des logements sociaux qui appartiennent à la municipalité. Ils sont situés au sein même de la ville et offrent des prix très attractifs : à partir de 450 euros de loyer, par exemple, pour un deux pièces. Ces logements ne sont pas uniquement destinés aux plus précaires puisque la limite de revenus pour y prétendre est fixée à plus de 3 000 euros nets mensuels et ce pour favoriser la mixité sociale.
Outre ces logements communaux, il existe aussi à Vienne des logements subventionnés. La ville verse des subsides à des promoteurs qui construisent des logements à but non lucratif, avec des loyers modérés. Cela concerne 200 000 logements. Si l’on additionne tout cela, on arrive à un constat clair : 60% des viennois vivent aujourd’hui dans une habitation à loyer plafonné. À Vienne, comme ailleurs, la pression immobilière s’accroît, dans le privé, les loyers ont augmenté de plus de 40% entre 2008 et 2016. Vienne veut enrayer ce phénomène et a donc imposé en 2019 une nouvelle règle : toute nouvelle construction de plus de 5 000 m2 doit être constituée d’au moins 2/3 de logements subventionnés à loyer modéré. Selon Kathrin Gaal, en charge du logement à la municipalité, c’est parce que Vienne a une influence directe sur 420 000 logements, soit près de la moitié du parc immobilier viennois, que la ville peut agir. A Vienne, près de 80% des habitants sont d’ailleurs locataires.
Le logement au centre des débats en Suède
En Suède, aussi, la question du logement est au centre des débats. Elle a même été à l’origine d’une crise politique sans précédent : c’est très récent puisque cela s’est passé en juin dernier. Pour la première fois dans l’histoire de la Suède, le gouvernement a été défait par un vote de défiance du Parlement. Et la raison ce coup d’éclat, ce n’était pas la question migratoire, ou la gestion de la crise du Covid-19, mais le problème du logement. Car la Suède manque de logement et le modèle suédois n’arrive pas à se renouveler. L’un des piliers de ce modèle sont l’encadrement des loyers. La Suède est un pays où la négociation collective est très importante et chaque année l'association des locataires rencontre celle des propriétaires pour se mettre d’accord sur l’évolution moyenne des loyers, ce qui freine leur augmentation. Le problème est que pour certains, ce système freine aussi la construction de logements neufs - car leur location est moins rentable -, expliquant la saturation du marché locatif. Le gouvernement social-démocrate a voulu changer cela en introduisant des loyers libres pour les nouvelles constructions, donc davantage de revenus pour les propriétaires, et donc des loyers plus chers. Ce n’était pas encore une loi soumise au vote, juste un projet, mais il a suffi à braquer l'Association des locataires et surtout le reste de la gauche suédoise qui s’est résolu à renverser le gouvernement.
Le projet de loi n’est finalement pas passé et la population a continué d’augmenter, et le déficit de logements locatifs s’est creusé. Les communes, qui détiennent l’essentiel du parc immobilier, mettent donc en place des listes d’attente qui peuvent être très longues : il faut compter entre six et douze ans pour obtenir une location en première main à Stockholm / six ans à Göteborg, la deuxième ville du pays. Donc même si vous vous inscrivez dès l’âge de 18 ans, il faudra attendre, et la seule solution qui vous reste alors c’est le marché de la sous-location. Et là, les loyers ne sont pas encadrés. Pour vous donner un exemple, à Stockholm, il faut en moyenne débourser 1 100 euros pour un appartement de 40 mètres carrés, soit une augmentation de 10% en un an. Sans compter qu’il faut souvent déménager au bout d’un an car le syndic ne permet pas de louer son logement plus longtemps. Et si vous voulez devenir propriétaire c’est tout aussi difficile : en Suède, la crise du covid s’est accompagné d’une hausse des prix à l’achat, celui des maisons a augmenté de près de 20% en un an, et celui des appartements, de 8%
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