La participation de l'Inde et du Pakistan au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai
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Le 22e sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai s’est ouvert jeudi 15 septembre à Samarcande en Ouzbékistan. Il va durer deux jours. Les dirigeants de 14 pays sont au rendez-vous. Parmi eux, Vladimir Poutine et Xi Jinping. L’organisation a pour but de contrebalancer l’influence occidentale. Créée en 2001 avec la Russie, la Chine et quatre ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, elle regroupe aussi le Pakistan, et l'Inde. Comment ces géants démographiques se positionnent-ils dans cet échiquier géopolitique ?
Le Pakistan participe au sommet sans vouloir tourner le dos à l'Occident
L'Organisation de coopération de Shanghai a été rejointe en 2016 par le Pakistan. Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a réitéré son engagement envers ce qu'il a nommé l’esprit de Shanghai. C’est vraiment l’idée d’une coopération, d’une entraide régionale. Les sujets qui sont sur la table des discussions sont divers, ils sont économiques, environnementaux. Le Pakistan vient d’expérimenter une catastrophe climatique avec des pluies de mousson exceptionnelles et destructrices avec 1400 vies humaines perdues, dix milliards de dollars de dommages alors que l’économie est déjà très fragile. Pour le Premier ministre pakistanais ce sommet est l’occasion de consolider son appartenance à ce bloc de l’est formé par des puissants amis du Pakistan, la Chine, grand partenaire économique d'Islamabad et la Russie avec qui le Pakistan entretient des relations qui se consolident depuis quelques années.
Le pays pour reprendre l’expression d’un éditorialiste pakistanais tente de maintenir un équilibre dans ses relations avec l’Occident et avec ses partenaires asiatiques. L’équilibre n’est pas si aisé à maintenir. Shebaz Sharif a d’ailleurs rencontré jeudi 15 septembre Vladimir Poutine en tête-à-tête en marge de ce sommet. Avec la guerre en Ukraine, les relations avec la Russie, pour le Pakistan sont compliquées à gérer. Le Pakistan vend des obus à l’Ukraine. L'information a été donnée après que des vidéos soient devenues virales sur les réseaux sociaux. On y voit des soldats ukrainiens utiliser des pièces d’artillerie qui portent l’inscription du principal fabricant d’armes au Pakistan. Selon le monde, La vente de ces obus a l'Ukraine était semble-t-il une des conditions au versement anticipé d’un prêt de 1,17 milliard de dollars du Fonds monétaire international au Pakistan. Cela faisait partie d’un accord triangulaire avec les États-Unis. Le Pakistan qui traverse une grave crise économique ne peut pas tourner le dos à l’Occident tout comme il ne peut pas tourner le dos à la Chine et par extension à la Russie avec qui les relations ont pris de l’ampleur au cours des années précédentes. Ce sommet, cette organisation de coopération de Shanghai est une opportunité pour indiquer son appartenance à ce bloc asiatique complexe.
L'Inde accepte de participer au sommet malgré la présence de la Chine
Le Premier ministre indien sera donc présent à Samarcande, ce qui représente un tournant diplomatique majeur - c’est en effet la première fois que Narendra Modi accepte de se trouver en présence de Xi Jinping depuis deux ans, et l’affrontement meurtrier des armées des deux pays le long de leur frontière contestée de l’Himalaya. Pour rappel, cet affrontement de juin 2020 entre soldats indiens et chinois a non seulement entrainé la mort de 20 militaires indiens, mais la Chine en a profité pour occuper plusieurs territoires disputés le long de leur frontière de l’Himalaya. Depuis lors, c’était donc le gel diplomatique: le Premier ministre Narendra Modi refuse de rencontrer le président Xi Jinping tant que les troupes chinoises ne se sont pas retirées. Lors du sommet des Brics, organisé en Chine en juin 2022, le dirigeant indien ne s’est pas déplacé, forçant Pékin à tenir les réunions en ligne. La même menace planait sur ce sommet de l’organisation de coopération de Shanghai, ce qui aurait embarrassé Xi Jinping, qui le considère comme un important lieu d’influence.
Cette pression a eu des effets car la semaine dernière, soit quelques jours avant ce sommet, l’armée chinoise a entamé un retrait d’une zone conquise à l’Inde en juin 2020 - ce n’est pas la première fois qu’un tel retrait est mené depuis deux ans, et cela n’entraine pas la libération totale des zones occupées alors, mais c’est un geste diplomatique significatif qui pourrait permettre aux deux dirigeants de reprendre le dialogue sur de nouvelles bases. New Delhi refuse de dire si Narendra Modi rencontrera Xi Jinping en privé, mais ils assisteront en tout cas demain aux réunions de ce sommet côte à côte, ce qui est une première depuis deux ans.
Le Premier ministre indien devrait également rencontrer le président russe. C’est Moscou qui l’a annoncé, Narendra Modi et Vladimir Poutine parleront en particulier de commerce. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Inde achète d’énormes quantités de pétrole russe, jusqu’à en devenir le deuxième acheteur après la Chine. New Delhi profite ainsi des réductions offertes par Moscou sur ce pétrole russe que l’Occident ne veut plus acheter. Les transactions se font pour l’instant en dollars, mais il est possible que les deux pays mettent en place un système d’échanges en monnaies locales, pour éviter les risques de sanctions sur l’utilisation du dollar.
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