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L'appétit des géants miniers pour le lithium contesté par les populations locales en Suède, en Espagne et au Canada

Tous les jours, le club des correspondants décrit comment un même fait d'actualité s'illustre dans trois pays.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un employé de Sayona Québec devant un gisement de lithium, dans le centre du Québec au Canada, le 20 juillet 2022. (MATHIEU DUPUIS / SAYONA)

Que ce soit au Canada, en Espagne ou en Suède, les entreprises minières cherchent à tout prix à exploiter des mines de lithium, mais tombent parfois sur une forte réticence de la part de la population locale.

En Suède, un gisement énorme près du cercle arctique

En Suède, le géant minier LKAB a annoncé avoir découvert le plus grand gisement de terres rares d’Europe, à Kiruna, à 200 km du cercle arctique. Estimé à un million de tonnes de minerais stratégiques, il pourrait à lui tout seul répondre à une bonne partie de la demande européenne, très dépendante de la Chine pour ces matériaux indispensables aux batteries électriques et aux rotors d'éoliennes.

Ces vues sur ce gisement suscitent la colère des Samis, le dernier peuple autochtone d’Europe. Ils s'opposent à l'ouverture d'une nouvelle mine, car elle menace leur activité ancestrale : l’élevage de rennes. Les communautés autochtones sont contre, mais elles sont en minorité (20 000 membres dans toute la Laponie). Les politiques et les habitants de la ville, eux, sont très favorables à ces nouveaux développements miniers, après le gros filon de fer qui a fondé la ville de Kiruna il y a 130 ans et qui fournit aujourd’hui encore 80 % de la demande européenne.

La mine pleine de promesses en Espagne

Infinity Lithium promet 1 000 emplois directs et indirects, 30 ans d’activité, 300 millions d’euros de salaires versés sur cette période et 900 millions en impôts, pour le projet d’une mine à ciel ouvert situé à seulement deux kilomètres de Caceres, en Espagne. Mais face à la contestation des riverains, des scientifiques, des groupes écologistes et même de la mairie de l’une des grandes et belles villes d'Estrémadure, déclarée au patrimoine de l’Unesco dès 1986, l’entreprise a changé son fusil d’épaule.

Elle a déposé une nouvelle demande de licence pour une mine souterraine, en disant que finalement, après avoir revu ses calculs, les coûts sont plus importants, mais que ça reste rentable. Pour le moment, cette stratégie a engrangé des premiers succès. Les promoteurs ont obtenu une licence d’exploration et le maire local dit qu’il voit désormais plus de positif que de négatif. Les écologistes, eux, sont encore loin d’être convaincus, ils continuent de réclamer l’abandon pur et simple du projet. 

Les stratégies des industriels au Canada

"Pour se sourcer en matériel propre, les compagnies se tournent vers le Québec et le Canada parce qu'on fait les choses de la bonne façon." Cette déclaration de Justin Trudeau n'est pas passée inaperçue. Elle a été prononcée par le Premier ministre canadien depuis une région minière d'Abitibi, dans le nord du Québec, tournée depuis des années vers l’or, mais qui mise maintenant sur le lithium.

Des associations ont contesté la position du Premier ministre. Certes des règles existent, mais elles sont mal appliquées. Rodrigue Turgeon, avocat en droit de l’environnement, dénonce par exemple sur Radio Canada les multiples stratégies déployées par les industriels pour éviter les normes environnementales canadiennes.

Les Cris, peuple autochtone au nord du Québec, qui a un mode de vie traditionnel basé sur la chasse et la pêche, craint aussi l'appétit des compagnies minières pour le lithium. Leurs projets pourraient couper en deux les habitats des caribous, des oies ou des orignaux. Pour les protecteurs de l'environnement, le plus important, ce n'est pas tant d'extraire des minerais rares que de remettre en question les modes de vies. Et donc, par exemple, avoir moins de véhicules individuels et plus de transports en commun électriques.

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